Une enquête récente publiée dans publiée dans la revue Frontiers in Genetics [1] a mis en évidence « les divergences d’opinion entre le public profane et les scientifiques formés à la recherche sur l’édition du génome d’embryons humains » (cf. Trier les embryons pour réussir à l’université ?). Cette recherche a été menée par une équipe dirigée par le professeur Misao Fujita de l’Uehiro Research Division for iPS Cell Ethics, en collaboration avec des chercheurs de la Shizuoka Graduate University of Public Health et de l’université d’Hiroshima.
Des attentes, surtout chez les scientifiques
L’étude a porté sur 4 424 « profanes », répartis en deux groupes : 2 235 personnes ayant reçu des documents explicatifs sur l’édition du génome et 2 189 personnes n’en ayant pas reçu. En outre, 98 scientifiques membres de la Société japonaise pour l’édition du génome ont également répondu au même questionnaire.
Alors que la plupart des scientifiques s’attendent à ce que l’édition du génome contribue à réduire les maladies incurables (91%), à traiter les maladies mortelles (90%) et à clarifier l’étiologie[2] des maladies (79%), les profanes sont beaucoup moins nombreux à avoir de telles attentes (55%, 40% et 54%, respectivement). Les scientifiques interrogés s’attendaient également davantage à ce que l’édition du génome humain débouche sur des avancées scientifiques que les profanes (57% contre 29%).
En revanche, les profanes et les scientifiques avaient des attentes similaires quant à la prévention des maladies chroniques grâce à l’édition du génome humain (46% contre 52%), ou encore concernant les « bébés sur mesure » (9% contre 13%) et l’utilisation de l’édition du génome humain à des fins d’« amélioration » (14% dans les deux cas).
Des préoccupations, surtout chez les scientifiques aussi
Hormis concernant l’« instrumentalisation des gamètes », les scientifiques se sont montrés proportionnellement plus préoccupés par toutes les questions présentées, telles que les « effets sur les futures générations » (86,7% contre 40,8%), les « bébés sur mesure » (68,4% contre 33,4%) et l’utilisation de l’édition du génome humain à des fins d’« amélioration » (70,4% contre 35,2%).
Quoi qu’ils semblent moins inquiets par les diverses questions présentées dans l’enquête, les profanes se sont également montrés moins réceptifs à l’édition du génome humain en général, quel que soit l’objectif de la recherche. Le nombre de personnes acceptant l’édition du génome à des fins de recherche fondamentale était nettement inférieur à celui l’acceptant dès lors que sont avancés des objectifs de traitement de maladies incurables ou de l’infertilité, même dans le cas des cellules somatiques (36,7%).
En outre, « les profanes n’ont pas perçu de différences significatives entre les types d’embryons » (cf. Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches).
[1] Kyoko Akatsuka et al, Genome editing of human embryos for research purposes: Japanese lay and expert attitudes, Frontiers in Genetics (2023). DOI: 10.3389/fgene.2023.1205067
[2] Causes des maladies
Source : Medical Xpress, Kyoto university (12/10/2023) – Photo : iStock