Une équipe de chercheurs de l’université de Kyoto est parvenue à générer « en masse » des cellules capables de se transformer en spermatozoïdes ou en ovocytes en utilisant des cellules souches pluripotentes induites (iPS) humaines. Ils espèrent que leurs découvertes permettront un jour de produire des ovocytes et des spermatozoïdes à partir de cellules germinales primordiales par l’intermédiaire de prospermatogonies et d’ovogonies. Michinori Saito, professeur à l’université de Kyoto et membre de l’équipe de recherche, souligne toutefois qu’il reste encore « des obstacles à surmonter dans plusieurs domaines » pour atteindre un tel objectif. Ces travaux ont été publiés dans la revue Nature [1].
L’équipe avait déjà mis au point un processus pour générer des cellules reproductrices en utilisant des cellules somatiques de souris, et en cultivant des ovogonies, mais il avait été jugé inefficace (cf. Japon : des cellules souches humaines génèrent des précurseurs d’ovocytes).
Cette fois, elle a réussi à développer des ovogonies et des prospermatogonies en deux mois, « en utilisant des cellules semblables aux cellules germinales primordiales et en ajoutant la signalisation de la protéine morphogénétique osseuse ». Au cours d’une période de culture d’environ quatre mois, le nombre de cellules a été multiplié par 10 milliards, et le processus de génération a été « relativement simple », selon les chercheurs.
Lorsque les cellules germinales se divisent, elles subissent un processus appelé « reprogrammation épigénétique », qui « réinitialise les mémoires épigénétiques parentales et conduit à la formation de pro-spermatogonies ou d’ovogonies qui se multiplient ». Bien que recréer la reprogrammation épigénétique chez l’homme en laboratoire « reste un défi », cette recherche a permis de mieux comprendre ce processus en générant d’abondantes pro-spermatogonies et ovogonies.
NDLR : Ces travaux rentrent dans le cadre des recherches sur la gamétogenèse in vitro. Elles pourraient aboutir, à terme, à la fabrication d’enfants issus génétiquement de deux individus de même sexe, voire d’un seul individu (cf. Des souriceaux nés de deux « pères » ; Gamétogenèse in vitro : des chercheurs poursuivent leurs travaux chez la souris).
[1] Murase, Y., Yokogawa, R., Yabuta, Y. et al. In vitro reconstitution of epigenetic reprogramming in the human germ line. Nature (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-024-07526-6
Source : Nikkei (21/05/2024)