Des cellules souches embryonnaires humaines utilisées pour modéliser le développement de l’embryon au-delà de 14 jours

Publié le 12 Juin, 2020

Des scientifiques de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, en collaboration avec l’Institut Hubrecht aux Pays-Bas, ont développé un modèle embryonnaire en utilisant des cellules souches embryonnaires humaines. « Le modèle ressemble à certains éléments clés d’un embryon à environ 18-21 jours ». Actuellement, « la culture d’embryons humains en laboratoire » est autorisée dans ce pays jusqu’au 14e jour. L’objectif de cette recherche est de tenter de comprendre « les causes des malformations et des maladies congénitales humaines et de mettre au point des tests pour les femmes enceintes ». Ces travaux ont donné lieu à une publication dans la revue Nature[1].

 

« Le plan corporel, ou schéma directeur d’un organisme, se forme par un processus appelé “gastrulation” ». Au cours de ce processus, « trois couches distinctes de cellules se forment dans l’embryon qui donneront plus tard naissance à tous les principaux systèmes du corps : l’ectoderme constituera le système nerveux, le mésoderme les muscles et l’endoderme l’intestin. » De « nombreuses malformations congénitales » peuvent apparaître à cette étape du développement de l’être humain, liées à « l’alcool, les médicaments, les produits chimiques et les infections ». Selon les chercheurs, « une meilleure compréhension de la gastrulation humaine pourrait également faire la lumière sur de nombreuses questions médicales, notamment la stérilité, les fausses couches et les troubles génétiques ».

 

Le rapport publié « décrit une méthode d’utilisation des cellules souches embryonnaires humaines pour générer un assemblage tridimensionnel de cellules, appelé gastruloïdes, qui se différencient en trois couches organisées d’une manière qui ressemble au plan initial du corps humain ». Pour fabriquer les « gastruloïdes » en laboratoire, des agrégats de cellules souches embryonnaires humaines ont été « soumis à des produits chimiques pour activer certains gènes ». Dépourvus de cellules cérébrales, ou des « tissus nécessaires à leur implantation dans l’utérus », ces modèles embryonnaires ont présenté les « signes évidents des événements conduisant à la formation de muscles, d’os et de cartilage » après 72 heures de développement.

 

Note Gènéthique :

Les cellules souches embryonnaires humaines composent l’embryon humain jusqu’à 5 jours. Elles sont l’être même de l’embryon humain. Pour en disposer, il faut les extraire d’un embryon humain, et donc le détruire (cf. Projet de loi de bioéthique et cellules souches embryonnaires humaines : quels enjeux ? ; Créer des « embryons artificiels » pour contourner la législation ). L’utilisation des cellules souches embryonnaires humaines pour « reconstituer » le développement d’un embryon humain au-delà de 14 jours vise clairement à contourner la règlementation en vigueur sur le plan international qui interdit la culture d’embryons au-delà de ce délai.

Par ailleurs on note que la visée de cette recherche est « de mettre au point des tests pour les femmes enceintes ». Un nouveau type dépistage prénatal pourrait se développer dont on est en droit de redouter les conséquences probables.

 

Pour aller plus loin :

Un modèle de cerveau embryonnaire humain développé à partir de cellules souches, quel risque éthique ?

Jacques Testart : « Quelle logique est en jeu dans cet acharnement à exiger que l’embryon humain soit livré à la recherche ? »

Projet de loi de bioéthique et recherche sur l’embryon : des effets d’annonce

Chine : des embryons de primates cultivés jusqu’à 20 jours

 


[1] An in vitro model for early anteroposterior organization during human development, Nature (2020). DOI: 10.1038/s41586-020-2383-9 , www.nature.com/articles/s41586-020-2383-9

 

 

AFP (11/06/2020) – Phys.org, Université de Cambridge (11/06/2020)

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