Des chercheurs de l’UCSF ont mis au point une nouvelle approche destinée à empêcher les anticorps de déclencher le rejet immunitaire de cellules thérapeutiques ou issues de transplantations. Elle consiste à utiliser un « récepteur “leurre” » pour capturer les anticorps et les retirer de la circulation avant qu’ils ne déclenchent la réponse immunitaire. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Biotechnology [1].
Les chercheurs visent notamment les thérapies cellulaires CAR-T (cf. Cellules CAR-T : du traitement du cancer au lupus ?). Jusqu’à récemment, la plupart des thérapies CAR-T étaient fabriquées à partir des cellules du patient, mais la viabilité commerciale à long terme de tous les types de thérapies cellulaires reposera sur des cellules « allogéniques », c’est-à-dire des cellules thérapeutiques produites massivement à partir d’une source extérieure au patient, soulignent les scientifiques,. Le système immunitaire du receveur est en effet susceptible de considérer ces cellules comme étrangères et de les rejeter.
Les chercheurs ont modifié génétiquement trois types de cellules – des cellules d’îlots pancréatiques productrices d’insuline, des cellules thyroïdiennes et des cellules CAR-T – afin que chaque type produise en grande quantité une protéine appelée CD64 à leur surface. La CD64 « a agi comme une sorte de leurre, capturant les anticorps et les liant à la cellule modifiée », avant qu’ils n’activent les cellules immunitaires[2].
« Nous avons constaté que nous pouvions capter des niveaux élevés d’anticorps, ce qui a permis de protéger très efficacement les cellules thérapeutiques », affirme Tobias Deuse, docteur en chirurgie cardiaque et auteur principal de l’étude. Après cette « preuve de concept claire », il reste encore du travail reconnaît-il. Ces cellules « biologiquement sophistiquées » sont en effet « coûteuses et difficiles à fabriquer ».
[1] Gravina, A., et al. (2022) Protection of cell therapeutics from antibody-mediated killing by CD64 overexpression. Nature Biotechnology. doi.org/10.1038/s41587-022-01540-7.
[2] Un anticorps joue le rôle d’une sorte d’ « étiquette », appelant une cellule immunitaire à se lier à lui et à déclencher un processus de destruction de la cellule marquée.
Source : News medical, Emily Henderson (02/01/2023)