Des chercheurs de l’Université du Colorado ont découvert que des « gènes impliqués dans le contrôle du système immunitaire » sont étroitement liés au développement de plusieurs caractéristiques de la trisomie 21. Des résultats qui « s’ajoutent à un nombre croissant de recherches sur le rôle important du système immunitaire dans l’apparition et la gravité de certains effets négatifs de la trisomie 21 sur la santé, indique le professeur Joaquin Espinosa, et accréditent l’idée que le rétablissement de l’équilibre immunitaire pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cette maladie ».
Les récepteurs des interférons en cause
Les gènes identifiés, qui codent pour les « récepteurs des interférons », jouent un « rôle important » dans la défense antivirale du système immunitaire. Ces gènes permettent à nos cellules de reconnaître un ensemble de protéines appelées interférons, que les cellules infectées par un virus produisent pour alerter celles qui les entourent de la présence d’un virus. Bien qu’ils déclenchent une « réponse immunitaire bénéfique » contre les infections virales, une hyperactivité chronique des interférons pourrait avoir des « effets néfastes », explique le professeur.
Or, quatre des six gènes qui codent pour ces récepteurs sont situés sur le chromosome 21. Par conséquent, on observe une « surproduction de récepteurs d’interférons » chez les personnes porteuses de trisomie 21.
Une moindre expression de la trisomie 21
En travaillant sur un modèle souris avec la technologie d’édition génétique CRISPR, les chercheurs ont réduit le nombre des gènes codant pour les récepteurs des interférons de trois à deux, tout en laissant intacts tous les autres gènes présents en triple exemplaire. Ils ont alors constaté que, ce faisant, les schémas d’expression génique anormaux étaient réduits « de manière significative » dans de nombreux types de tissus, à la fois pendant le développement embryonnaire et chez les souris adultes.
« Ces souris présentaient des réponses immunitaires mieux régulées, précise Joaquin Espinosa, un développement cardiaque normal, des retards de développement réduits, de meilleures performances en termes de mémoire et d’apprentissage et même un crâne et une morphologie faciale plus typiques. »
Les chercheurs de l’Université du Colorado mènent différents essais cliniques sur des médicaments qui « modulent le système immunitaire » dans le but d’améliorer l’état de santé des personnes porteuses de trisomie 21[1]. Au début des années 1900, « moins de 20 % des nouveau-nés » porteurs de trisomie 21 survivaient au-delà de l’âge de 5 ans. Aujourd’hui, leur espérance de vie est de « près de 60 ans ».
[1] Deux essais cliniques sont en cours pour tester la sécurité et l’efficacité d’un de ces médicaments, le tofacitinib (commercialisé sous le nom de Xeljanz)
Source : The Conversation, Joaquin Espinosa (05/06/2023)