Cryoconservation de tissu ovarien : la fin de la ménopause ?

Publié le 21 Mar, 2024

Dans une étude publiée par the American Journal of Obstetrics & Gynecology [1], des chercheurs ont examiné la faisabilité d’une cryoconservation du tissu ovarien afin de « retarder la ménopause ». « Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, nous avons la capacité de retarder ou de supprimer potentiellement la ménopause », a ainsi affirmé le Dr Kutluk Oktay, directeur du Laboratoire de Reproduction moléculaire et de Préservation de la Fertilité de la Faculté de Médecine de Yale et co-auteur de l’étude.

Cette technique est habituellement réservée aux patientes de moins de 40 ans atteintes de cancer, dans le but de préserver leur fertilité en dépit des traitements (cf. Greffe de tissu ovarien : une naissance en Bretagne). Si cette intervention a lieu avant 40 ans, elle « peut retarder significativement la ménopause », « voire la supprimer si le prélèvement a lieu avant 30 ans ».

Même si cette technique n’implique pas de recours à la fécondation in vitro, « il est nécessaire d’un point de vue éthique de distinguer le recours à la cryopréservation de tissu ovarien pour des raisons médicales (préservation de la fertilité face à des traitements hostiles aux organes reproducteurs) opéré dans le respect du rythme biologique de la femme d’une part, de l’utilisation de cette technique au profit de l’évincement de la ménopause – qui ne constitue en aucun cas une pathologie pour la femme – d’autre part », souligne l’Institut européen de bioéthique.

En effet, est-il « souhaitable de prolonger la période de fertilité d’une femme au-delà du délai physiologique, en autorisant d’autres grossesses à un âge avancé, ce qui comporterait des risques importants pour la santé de la femme et de son enfant » ?, interrogent Julio Tudela et Cristina Castillo pour de l’Observatoire de Bioéthique de l’Université Catholique de Valence. Des préoccupations médicales auxquelles il faut ajouter celles quant à « l’équilibre social et psychologique de l’enfant » (cf. En Inde, elle enfante pour la première fois à 70 ans).

 

[1] Johnson J, Lawley SD, Emerson JW, et al. Modeling delay of age at natural menopause with planned tissue cryopreservation and autologous transplantation. Am J Obstet Gynecol 2024. https://doi.org/10.1016/j.ajog.2023.12.037

Source : Institut européen de bioéthique, Repousser ou supprimer la ménopause grâce à la cryoconservation du tissu ovarien ? (19/03/2024)

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