Conservation d’ovocytes: évolutions techniques et questions éthiques

Publié le 25 Mar, 2012

Les dernières techniques de conservation de gamètes féminins et de tissu ovarien sont sources d’espoir pour les femmes et pour les fillettes subissant des traitements altérant leur fertilité.

Aujourd’hui, une technique "consiste à prélever chirurgicalement un ovaire entier ou des fragments" et à les congeler. Au moment de leur utilisation, les fragments sont décongelés et greffés afin de "rétablir les fonctions ovariennes et restaurer une fertilité". Toutefois, le Dr Sophie Mirallié, du service de biologie de la reproduction au CHU de Nantes, précise que les greffons ont une durée de vie courte et présentent un risque de "réintroduction de la maladie après greffe". Il reste donc encore à trouver une technique permettant d’effectuer des prélèvements ovariens qui ne contiendraient pas de "cellules tumorales" pour qu’elles ne soient pas réintroduites dans l’organisme au moment de la greffe.

 De plus, la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a autorisé la technique de la vitrification d’ovocytes, technique de congélation ultrarapide. Là où les méthodes classiques de congélation produisent des cristaux de glace qui peuvent altérer les cellules, cette technique empêche la formation de cristaux et permet une meilleure préservation des cellules.

Cette technique soulève des interrogations éthiques. Selon le Docteur Pierre Boyer de l’Hôpital Saint-Joseph à Marseille, l’autoconservation d’ovocytes est une alternative à la congélation des embryons.
Selon le Dr Grégoire Moutel, du laboratoire d’éthique et de médecine légale de l’université Paris Descartes, "la conservation d’ovocytes doit être présentée comme un nouveau droit des femmes", tout en avertissant "les patientes d’une incertitude sur les résultats". Par ailleurs, les demandes de conservation d’ovocytes pour convenances personnelles forment un marché en pleine expansion aux Etats-Unis. En France, cette pratique est interdite, elle pose de nombreuses questions éthiques. Le Dr Grégoire Moutel explique que cette pratique pose, entre autres, la question de savoir si un âge limite doit être posé et au-delà duquel les femmes ne pourraient plus conserver d’ovocytes. En effet, "au delà d’un certain âge, les grossesses sont médicalement plus risquées et le taux de malformation fœtale augmente".

Interrogé sur les particularités du consentement dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation, le Dr Moutel souligne la nécessité d’informer les patients des bénéfices et des risques liés à ces techniques. Au motif que les patients sont souvent "obnubilés par leur désir d’enfant", ils ne prennent pas toujours suffisamment en compte les risques lorsqu’ils donnent leur consentement. Les professionnels ont donc une responsabilité, ils "n’ont pas le droit de tout faire au motif du consentement".

Le Monde (Sandrine Cabut) 24/03/2012

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