Conçue par don de sperme, une avocate réclame l’accès à ses origines

Publié le 4 Mai, 2014

 Quand Audrey Kermalvezen, avocate en droit du travail et en bioéthique, apprend par sa mère à l’âge de 29 ans qu’elle a été conçue par insémination artificielle avec donneur, “elle se sent trahie, flouée”, et en veut à sa mère de cette révélation tardive. Son frère, conçu de la même manière, se sent lui soulagé.

Aujourd’hui âgée de 34 ans et présidente de l’association PMA (procréation médicalement anonyme) elle publie “Mes origines: une affaire d’Etat“, aux éditions Max Milo. Elle précise: “je ne considère pas mon géniteur comme un père mais comme un acteur originel de ma vie. J’aimerais savoir à quoi il ressemble, pourquoi il a fait le don et quels sont ses antécédents médicaux“.

Audrey Kermalvezen cherche celui qui lui a permis de naître: “ce que l’on recherche ce n’est pas notre ADN. On veut juste mettre un visage sur une réalité“. L’avocate ne remet pas en cause le droit à l’enfant que la science permet. En revanche, “elle veut que le droit aux origines pèse dans l’autre plateau de la balance“. 

En France, actuellement, aucun chiffre n’est disponible sur le nombre d’enfants nés pas don de sperme depuis la mise en place des Cecos (Centres d’Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme) en 1973. Mais ils sont estimés être entre 50 000 et 70 000. Selon l’Agence de la biomédecine, 1099 enfants sont nés d’un don de sperme en 2011.

Le choix du sperme, précise l’avocate, est aujourd’hui réalisé en tenant compte des caractéristiques physiques comme la couleur de la peau ou encore des yeux, mais également des groupes sanguins du couple receveur. Pour Audrey Kermalvezen, ce procédé “incite les parents à garder le silence“. 

Enfin elle précise avoir “découvert l’existence de ‘serial donneurs’ se vantant d’avoir donné leur sperme à d’innombrables reprises et d’avoir enfanté plusieurs centaines d’enfants“. En France, c’est la loi de bioéthique de 1994 qui encadre la pratique du don de sperme: fixé initialement à cinq, le nombre d’enfants nés d’un même donneur est, depuis 2004, fixé à 10.  Cependant, précise l’avocate, “aujourd’hui encore, un donneur peut aller dans plusieurs banques de sperme et engendrer plus de 10 enfants car il n’existe aucun fichier central“. Audrey Kermalvezen s’inquiète en particulier d’éventuelles consanguinités, son conjoint étant également né d’un don de sperme. L’Agence de la biomédecine précise elle que les professionnels des Cecos “sont à même de repérer et d’éviter un éventuel doublonage parmi les donneurs“. 

 

 AFP  05/05/2014 – Libération 05/05/2014

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