Alors que le Canada est l’un des dix pays qui dépensent le plus pour la santé dans le monde selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une récente étude de McKinsey [1] indique que le déploiement à grande échelle de l’intelligence artificielle (IA) pourrait réduire les dépenses de santé du pays d’environ 4,5 à 8,0 % par an.
Le Canada dépense chaque année environ 330 milliards pour la santé, soit 12,2 % de son PIB de 2022 (cf. Canada : des soins palliatifs défaillants). En dehors de l’année 2020, les dépenses annuelles de santé du pays ont toujours augmenté. En intégrant à court terme l’IA, le pays pourrait économiser entre 14 et 26 milliards par an.
Optimiser le système de santé ?
L’IA pourrait permettre de simplifier des tâches administratives, ce qui améliorerait le système de santé. Elle pourrait par exemple aider à optimiser les horaires de travail des médecins grâce aux données d’utilisation des services d’urgence. En fonction des fréquentations, l’IA pourrait générer un « horaire optimisé », et ainsi diminuer le temps d’attente pour les patients.
Lorsqu’un patient se présente aux urgences l’IA pourrait aussi mettre en lumière des facteurs de risques, et ainsi « améliorer la capacité de diagnostic » indique Marie-Renée B-Lajoie, médecin urgentiste à Montréal.
Des risques « non négligeables »
L’intégration de l’IA au système de santé comporte toutefois des risques « non négligeables », notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée. Il faudra garantir que les données des patients sont bien protégées (cf. Etats-Unis : les données de santé mentale de 3,1 millions de personnes divulguées).
« Historiquement, dans le domaine médical, beaucoup des données étaient générées avec des hommes blancs, d’âge moyen et de taille moyenne et on sait évidemment que la santé est beaucoup plus diversifiée que cela » relève en outre le Dr B-Lajoie. Il conviendra donc de veiller également à ce que l’IA respecte cette diversité et reste « impartiale ».
L’étude de McKinsey souligne par ailleurs que l’être humain doit rester présent aux côtés de l’intelligence artificielle, sans qu’il y ait une « substitution de la compétence » (cf. IA : Les épiscopats européens appellent l’Europe à une approche centrée sur l’homme). « Les risques sont trop grands » alerte le Dr B-Lajoie (cf. IA et diagnostic : le CNPEN alerte sur les risques). C’est important « pour le maintien de la qualité, de la relation-patient », mais aussi en termes de responsabilité professionnelle.
[1] McKinsey & Company est un cabinet international de conseil en stratégie
Source : La Presse, Katrine Desautels (07/03/2023)