Dans le cadre du parcours des 1000 premiers jours de soutien à la parentalité mis en place par le ministère de la santé, une bébé box sera remise aux parents après la naissance.
L’état prend soin de vous ! A compter de février prochain, les nouveaux parents quitteront la maternité avec un « nécessaire à nouveau-né » fourni par l’état : une Bébé box !
Pêle-mêle
Que contient donc cette Bébé box ? Des couches ? Pas du tout. Du lait maternisé ? Pas plus. Pour le secrétaire d’Etat à l’Enfance, Adrien Taquet, la bébé box doit faire passer des « messages de prévention »[1]. Il précise : « Chaque objet véhicule et symbolise un message qui a vocation à aider les parents. Il servira de support au dialogue avec les familles à la maternité ». Des objets « non genrés », c’est-à-dire jaune pour les filles, verts pour les garçons ?
La Bébé box contiendra une turbulette pour « expliquer comment coucher le bébé pour éviter tout accident, comme la mort subite du nourrisson ». Ok… mais « non genrée » est-il précisé ! C’est-à-dire jaune pour les filles, verts pour les garçons ? Mais aussi un album pour « sensibiliser les parents à l’importance de l’éveil artistique et culturel de l’enfant, des interactions avec les parents », ou encore « les encourager à lui faire la lecture sans attendre qu’il aille à l’école ». Est-ce que ce sera leur principale préoccupation ? Et puis aussi un savon pour « promouvoir les produits naturels et d’alerter sur les perturbateurs endocriniens et produits chimiques », là ou peut-être certaines auront besoin de savoir comment mettre une couche, quand la changer, quels soins indispensables apporter au bébé…
Parents démunis
Que signifie cette Bébé box sinon que l’enfant devient de plus en plus un objet de consommation que l’on ramène chez soi, après la naissance, avec son mode d’emploi. Il est vrai que certains parents sont plus que démunis face à leur paternité ou à leur maternité nouvelles. Traditionnellement, les mères des jeunes accouchées venaient accompagner leurs filles dans les tous premiers mois après la naissance pour leur transmettre les gestes maternels, les aider à entrer dans leur rôle de parents. Quand les rythmes modernes ne permettent plus cette transmission, quand les familles sont éclatées, quand les écrans font parfois figure de premiers éducateurs, il n’est hélas pas étonnant d’en venir à ce pêlemêle d’initiatives, navrantes pour certaines, de bon sens pour d’autres.
L’autorité parentale bafouée
Cependant, rien n’est proposé qui soit vraiment un booster de confiance. Il s’agit plutôt d’une nouvelle façon de faire de ces parents de nouveaux enfants. Les parents dont on signe déjà la démission quand leurs filles mineures peuvent se procurer des contraceptifs ou avorter sans leur consentement, quand, atterrés, ils seront sommés de laisser leur petit garçon ou leur fille changer de sexe (cf. Genre à l’école : la circulaire du Ministère prend le parti de l’« autodétermination »)… Désormais la prise en main commence dès les premiers jours…
Comme le dit le psychiatre Boris Cyrulnik, qui a « remis en septembre 2020 à la demande du gouvernement un rapport sur cette période cruciale pour l’enfant » (cf. « 1000 premiers jours » de l’enfant : le rapport), les 1000 premiers jours « conditionnent la santé et le bien-être de l’individu tout au long de sa vie ». Pour autant, est-ce à l’Etat de les prendre en charge ? Sinon pour faire un pas de plus vers le pire du Meilleur des mondes[2].
180 000 box seront distribuées d’ici août 2022 d’abord dans les « maternités des communes ayant des quartiers prioritaires »[3] et 250 000 d’ici la fin 2022. Le dispositif sera évalué à l’été, l’objectif étant probablement de l’étendre ensuite à tout le territoire.
[1] Libération, Bébé box : à la maternité, bébé arrivera désormais avec son mode d’emploi, (12/10/2021).
[2] Aldous Huxley.
[3] Le Monde, « Bébé box » pour jeunes parents : des réactions ironiques après l’annonce du gouvernement, (14/10/2021).