« Mardi 8 septembre 2020, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a remis le rapport de la commission d’experts pour les “1 000 premiers jours” au secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet. » Le communiqué de presse salue « le caractère innovant de la démarche, qui a mobilisé des compétences plurielles (neuropsychiatres, gynécologues-obstétriciens, pédopsychiatres, psychologues, sages-femmes, professeurs des universités) ». Un ensemble de professionnels qui « converge vers une position désormais commune : l’importance des 1 000 premiers jours, période où tout commence pour l’enfant, premiers apprentissages, développement cognitif et affectif, sociabilité, etc. »
Les « 1000 premiers jours », une notion arbitraire ?
Mais que sont les « 1000 premiers jours » ? Il s’agit de la période « s’étendant de 4e mois de grossesse aux deux ans de l’enfant » précise le rapport. Une définition qu’on pourrait légitimement interroger quand le rapport reconnaît par ailleurs que « lorsque les problématiques le justifient, l’expression sera utilisée pour couvrir une période plus large s’étendant de la période préconceptionnelle jusqu’à l’âge de 3 ans ». Alors pourquoi ce choix ? Serait-ce pour se placer à distance du délai légal pendant lequel une femme peut avorter en France sans autre motif que sa seule volonté ?
Pourtant le rapport précise par ailleurs que « la vulnérabilité de la période périnatale en termes d’exposition et de risques pour le fœtus et le jeune enfant nécessite une information éclairée des femmes enceintes et de leur entourage le plus tôt possible dans la grossesse », allant jusqu’à recommander la mise en place « de sessions d’informations prénatales au premier trimestre de la grossesse ».
Des recommandations qui détonnent à l’heure de la révision de la loi de bioéthique
Ne se contentant pas d’un constat, le rapport formule « de nombreuses recommandations qui ont retenu l’attention du secrétaire d’État ». Parmi celles qui sont mises en avant par le communiqué de presse, « l’allongement du congé paternité, qui serait une première étape d’une réforme ambitieuse du congé parental, dans l’intérêt du développement de l’enfant ». « L’engagement du père avec le bébé a des effets positifs sur son développement » affirment les rédacteurs du rapport. Comment comprendre alors le vote de l’accès à la PMA pour toutes les femmes, y compris les femmes seules ? (cf. Loi de bioéthique : l’accès à la PMA ouvert à toutes les femmes, sans critère médical)
On note aussi qu’« une attention particulière sera portée (…) aux personnes souffrant d’addiction et, en cas de détresse sociale – mère sans-domicile ou en logement précaire par exemple – il s’agira d’orienter vers un centre susceptible de prendre en charge la mère dès la grossesse, avec son partenaire puis, après la naissance, avec leur enfant ». Et on s’interroge : l’accès à l’interruption médicale de grossesse, jusqu’à la veille de la naissance donc, pour « détresse psycho-sociale » n’aura-t-il pas raison de ces bonnes intentions ? N’invoquera-t-on pas bientôt un délit d’entrave pour ne pas remettre en cause cette nouvelle prétendue « liberté » des femmes votée en catimini à 4h du matin le 1er août dernier ?
Les recommandations formulées par les signataires du rapport « seront examinées dans les prochaines semaines » par le gouvernement. « Garantir la bonne santé et le développement des enfants aujourd’hui, c’est agir pour les parents, les citoyens, et la société de demain » affirme le rapport. Les enfants auront-ils la priorité ?
Complément du 27/07/2023 : Une nouvelle feuille de route relative aux « 1 000 premiers jours de l’enfant », « politique prioritaire du Gouvernement », est en cours de préparation pour les années 2024 à 2027. D’ici là une instruction insiste sur la nécessité de poursuivre les actions déjà engagées. (Source : Hospimedia, Jérôme Robillard (26/07/2023))