A l’occasion d’un colloque scientifique[i], André Compte-Sponville, philosophe et membre du comité consultatif national d’éthique, propose une réflexion sur la place grandissante de la médecine dans la vie quotidienne.
Pour le philosophe, la santé est devenue une valeur suprême dans la société, cette idéologie du « pan-médicalisme » pouvant, à terme, mener au transhumanisme. C’est la définition même de la médecine qui est remise en cause, car sa fonction première n’est plus de soigner les maladies mais d’améliorer des états normaux. La frontière entre médecine et dopage devient donc infime.
Le philosophe assure ensuite que l’humanité ne relève pas d’un état pathologique et donc de la médecine : « Le jour où tout le monde disposera de molécules qui permettront de plonger dans un état de complet bien être voire d’euphorie, la question même de la condition humaine sera totalement transformée (…) La médecine ne va pas nous guérir de la finitude.»
Enfin, André Compte-Sponville pointe du doigt le paradoxe entre le recours à la médecine technologique et le recours aux méthodes alternatives, qui relève selon lui d’un « irrationalisme inquiétant ».
[i]Colloque “Sciences, Santé et Société S3 Odéon”, qui s’est déroulé le 3 septembre dernier au Théâtre de l”Odéon.
Pourquoi docteur (03.09.2016).