Le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) publie une étude concernant l’état et les conséquences de l’assistance médicale à la procréation (AMP), réalisée à partir d’une enquête auprès de couples y ayant eu recours.
Cette étude constate l’utilisation de méthodes de plus en plus sophistiquées dans l’AMP même si la fécondation in vitro (FIV) avec micro-injection (ICSI) reste la méthode la plus utilisée. Sur l’ensemble des couples ayant eu recours à une FIV entre 2000 et 2002, 41% auraient réussi à avoir un enfant par ce moyen. Pour les 59% restants, 29% ont eu également un enfant : 11% par le biais d’une autre AMP, 11% de façon naturelle, et 7% par adoption.
Parallèlement à ce constat, l’étude pointe une hausse du tourisme procréatique notamment pour les personnes ne pouvant avoir recours à l’AMP en France.
Elle dresse également un état des lieux des incidents résultant de l’AMP, tout en notant que "les risques absolus restent modérés et rassurants". De 86 en 2007, ils sont pourtant dénombrés à 350 en 2010. 78% d’entre eux sont considérés comme graves. Il s’agit le plus souvent des effets indésirables liés à l’hyperstimulation ovarienne, mais aussi de la perte de gamètes ou d’embryons, d’incidents liés à l’acte d’AMP lui-même, voire même d’erreurs sur l’attribution des gamètes.
Sont enfin prises en compte les répercussions de ces techniques sur la santé de l’enfant né d’une AMP. L’étude note un risque "modéré" de prématurité. Le taux de grossesses multiples à haut rang serait en effet en baisse grâce à la réduction du nombre d’embryons transférés. Selon le professeur Pierre Jouannet, pour diminuer ce taux qui reste conséquent, il ne faudrait transférer à la femme qu’un seul embryon "choisi selon des critères morphologiques stricts, associés à un programme de congélation embryonnaire efficace". L’enquête constate par ailleurs une hausse des malformations congénitales : les docteurs Patrat et Epelboin relèvent que "tous les types de malformations sont concernés, mais sont plus particulièrement observés des anomalies touchant le système cardiovasculaire, urogénital ou musculosquelettique". Ils précisent pourtant que "la grande majorité des enfants (plus de 95%) en sont exempts". Si en grandissant, ces enfants ne semblent pas présenter de problèmes médicaux particuliers, Catherine Patrat (AP-HP) indique qu’un suivi est nécessaire "pour avoir une idée précise de leur développement à l’âge adulte, et notamment de leur fertilité".
Le Quotidien du Médecin (Stéphane Hasendahl) 14/06/11 – Le Figaro (Martine Perez) 14/06/11 – Libération (Eric Favereau) 14/06/11