Dans le courrier des lecteurs de La Croix, plusieurs personnes réagissent à l’annonce de la Haute autorité de santé (HAS) de proposer un dépistage plus précoce de la trisomie 21 (cf synthèse de presse du 06/06/07).
L‘un des lecteurs rappelle que chaque année 80 000 amniocentèses sont réalisées en France et qu’elles conduisent à 600 fausses couches et à de nombreux avortements. Cette personne se dit choquée de l’objectif visé par la HAS "d’améliorer le taux de détection de la trisomie 21". "Ce n’est pas la maladie qui est vaincue, c’est le malade qui est supprimé alors qu’il demande à vivre, que ses parents veulent la vie de leur enfant", dénonce-t-elle. Elle rappelle les propos du professeur Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui déclarait, il y a quelques temps, "nous prônons la fraternité mais dans le même temps nous exigeons des handicapés qu’ils s’adaptent à la société". La France est l’un des pays qui flirte le plus avec l’eugénisme ajoutait-il.
Une autre personne explique que "la pression sociale est telle que si l’amniocentèse se révèle positive, il faut faire preuve d’un courage hors du commun, pour garder son enfant". Qui plus est, cette femme est traitée d’égoïste, explique ce lecteur, quand "elle renonce à supprimer la vie qui est en elle".
Enfin, les parents d’une jeune fille trisomique reviennent sur le but de ce dépistage : "il n’y a aucune volonté de soigner et encore moins de chercher à guérir, comme on le fait pour des centaines d’autres maladies génétiques. Le but de cette nouvelle politique sanitaire ce serait clairement qu’aucun enfant trisomique ne puisse désormais naître en France". Ils ajoutent qu’une fois que les enfants porteurs de la trisomie 21 seront éliminés, cette politique inhumaine continuera avec les autres formes de handicap, et ce, "en toute bonne conscience". Et de s’interroger : "notre société veut-elle vraiment supprimer la maladie en supprimant le malade" ?
Medhyg.ch (Jean-Yves Nau) 16/07/09