Fausses couches : un rapport du Lancet plaide pour une meilleure prise en charge

Publié le 28 Avr, 2021

Un rapport publié mardi dans le Lancet reconnait que les fausses couches ont été « trop longtemps minimisées » et plaide pour une meilleure prise en charge des femmes touchées, « notamment sur le plan psychologique ». Avec l’objectif d’une « harmonisation mondiale » des pratiques.

Chaque année, 23 millions de fausses couches se produisent dans le monde, « soit environ 15 % du total des grossesses »[1]. Une femme sur dix sera concernée au cours de sa vie[2]. Une fausse couche est dite « précoce » si elle survient avant 10 à 14 semaines d’aménorrhée [3] ; « tardive » au-delà de ce terme et jusqu’à la limite de viabilité. Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : « anomalies chromosomiques chez le fœtus, l’âge de la mère et, dans une moindre mesure, du père (surtout au-dessus de 40 ans), des antécédents de fausse couche, un indice de masse corporelle très bas ou très élevé, l’alcool, le tabac, le stress, le travail de nuit ou l’exposition aux pesticides ».

Le rapport pointe le « manque d’empathie » envers les femmes concernées, regretté par nombre d’entre elles : « certaines ne reçoivent aucune explication, et le seul conseil qu’on leur donne c’est de réessayer ». Or « une part significative » des femmes touchées a besoin de traitements et de soutien, rappellent les auteurs. « Malgré cela, le silence autour des fausses couches persiste non seulement chez les femmes qui les vivent, mais aussi parmi les soignants, les décideurs politiques et les organisations de financement de la recherche ».

Les chercheurs proposent des pistes pour améliorer le diagnostic des fausses couches, leur prévention [4] et la prise en charge des couples concernés, notamment psychologique : « les fausses couches récurrentes sont une expérience dévastatrice pour la plupart des femmes, mais l’impact sur la santé mentale est rarement reconnu ou traité ». Les termes de « traumatisme » et de « deuil » sont également employés par les auteurs.

Une partie du rapport se penche sur le cas particulier des fausses couches répétées, pour lequel les chercheurs pointent « un déficit de suivi des couples qui n’ont pas souvent l’opportunité de connaître les raisons médicales de leurs fausses couches et se voient seulement conseiller de retenter leur chance ». Au contraire, une prise en charge globale doit être proposée dès la survenue d’une fausse couche : « conseils hygiénodiététiques, liste de spécialistes en santé mentale et groupe d’autosupport », traitement des « maladies chroniques connues pour augmenter le risque de fausses couches (diabète, hypertension, épilepsie…) ». Après une deuxième fausse couche, l’orientation vers un service spécialisé devrait être proposé ; au-delà, une consultation génétique, et d’autres examens complémentaires devraient être envisagés.

[1] Ou encore « 44 grossesses perdues chaque minute » ; ces chiffres restent des estimations, peu de pays recueillant des statistiques sur les fausses couches.

[2] Les fausses couches récurrentes sont moins fréquentes : « 1,9 % des femmes en ont fait deux et 0,7 % en a fait trois ».

[3] Variable selon les pays

[4] « Il existe des preuves de haute qualité en faveur de l’utilisation de la progestérone micronisée pour améliorer les chances de naissances vivantes », insistent les auteurs, en particulier chez les femmes ayant connu trois fausses couches ou plus.

Sources : Le Quotidien du Médecin, Damien Coulomb (27/04/2021) ; AFP (26/04/2021) ; BBC, Tulip Mazumdar (27/04/2021) ; Medical Press (27/04/2021)

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