Les « faux » visages créés par l’IA plus réels que ceux de personnes humaines

Publié le 17 Nov, 2023

Dans une étude publiée dans la revue Psychological Science[1], des chercheurs de l’Université nationale australienne (ANU) ont démontré que les visages générés par l’intelligence artificielle (IA) apparaissent plus réels que les vrais visages de personnes humaines.

Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont recruté 124 personnes résidant aux Etats-Unis, tous blancs et âgés de 18 à 50 ans. Ils leur ont présenté 100 visages réels et 100 visages créés à l’aide de StyleGAN2, un outil d’IA créé par la société américaine Nvidia. Après avoir décidé si un visage était issu de l’IA ou réel, les participants ont évalué leur confiance dans chacun des visages qu’ils ont notés de 0 (pas du tout) à 100 (complètement).

Des résultats plus notables sur les visages blancs

Les résultats ont été plus remarquables pour les visages blancs issus de l’IA qui ont été « jugés comme humains plus souvent que les images de vrais humains » indiquent les auteurs. Cet écart peut s’expliquer par le fait que les algorithmes d’IA sont plus « entraînés » sur les visages blancs précise le docteur Amy Dawel, psychologue et auteur principal de l’étude.

Les auteurs s’inquiètent d’un possible renforcement des « préjugés raciaux en ligne ». Un problème qui existe déjà. L’auteur indique que les technologies d’IA utilisées pour créer des portraits professionnels modifient par exemple la couleur de la peau et des yeux des personnes de couleur pour la remplacer par celle des personnes blanches.

Les gens ne savent pas qu’ils sont trompés

Les chercheurs ont également noté qu’avec « l’hyperréalisme » de l’IA, les gens ne réalisent souvent pas qu’ils sont induits en erreur. Ainsi, « les personnes qui pensaient que les visages de l’IA étaient réels étaient paradoxalement les plus sûres que leurs jugements étaient corrects » a précisé Elizabeth Miller, co-auteure de l’étude et doctorante à l’ANU.

Les visages de l’IA trompent les gens en leur faisant croire qu’ils sont réels parce qu’ils imitent les idéaux typiquement humains ajoutent en outre les chercheurs.

« Il existe encore des différences physiques entre l’IA et les visages humains, mais les gens ont tendance à mal les interpréter » relève par ailleurs le Dr Dawel. Compte tenu des avancées de l’IA, ces différences « disparaîtront probablement bientôt » ajoutent les chercheurs. Une telle évolution pourrait avoir de graves conséquences (cf. Intelligence artificielle : « Des risques majeurs pour l’humanité »), et générer une augmentation de la désinformation  comme du vol d’identité alertent les auteurs de l’étude. Les chercheurs considèrent donc que des mesures sont nécessaires.

Identifier « les imposteurs de l’IA »

« Étant donné que les humains ne peuvent plus détecter les visages de l’IA, la société a besoin d’outils capables d’identifier avec précision les imposteurs de l’IA » prévient le Dr Dawel (cf. Intelligence artificielle : « Nous ne sommes plus dans le temps du débat intellectuel »). « Il faut une plus grande transparence autour de l’IA » afin de déterminer « les problèmes avant qu’ils ne deviennent majeurs » ajoute-t-elle.

Selon les chercheurs, la sensibilisation du public est également importante. « Éduquer les gens sur le réalisme perçu des visages de l’IA pourrait contribuer à rendre le public sceptique à juste titre quant aux images qu’il voit en ligne » indique l’auteur de l’étude.

 

[1] AI Hyper-realism: Why AI Faces Are Perceived As More Real Than Human Ones, Psychological Science (2023). DOI: 10.1177/09567976231207095

Sources : MedicalXpress (14/11/2023) ; Daily Mail, Jonathan Chadwick (13/11/2023)

Partager cet article

Synthèses de presse

Colombie : la Cour constitutionnelle réclame un encadrement de la GPA
/ PMA-GPA

Colombie : la Cour constitutionnelle réclame un encadrement de la GPA

Le 18 avril 2024, la Cour constitutionnelle de Colombie a demandé au Congrès de la République d'adopter des mesures visant ...
Parkinson : premiers résultats d’une thérapie cellulaire à base de CSEh

Parkinson : premiers résultats d’une thérapie cellulaire à base de CSEh

Atteint de la maladie de Parkinson depuis l’âge de 42 ans, un Suédois a retrouvé l’odorat et une pratique sportive ...
candle-2905395_960_720
/ Don d'organes

Le premier patient ayant reçu un rein de porc est décédé

Dans un communiqué daté du 11 mai, le Massachusetts General Hospital a annoncé le décès du premier patient auquel on ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres