« Des variables environnementales, y compris la parentalité, ont en réalité une dimension génétique »

Publié le 7 Fév, 2023

« Avec la Seconde Guerre mondiale, le rôle de l’Allemagne nazie en particulier, il est devenu impossible de parler d’influence génétique », analyse Robert Plomin, psychologue et généticien américain, dans un entretien pour le journal Le Figaro. Dès lors, le « comportementalisme », c’est-à-dire « l’idée que l’individu est conditionné par son environnement », « a comblé ce vide », estime-t-il. D’autant plus qu’il « résonne » avec « l’idée démocratique d’égalité selon laquelle l’environnement est tout puissant, que n’importe qui peut réussir ». Cependant, avec « la révolution de l’ADN », il devient « de plus en plus difficile de contester la part d’héritabilité de certains comportements », pointe le généticien.

L’essor de la « prévention ciblée » ?

« Plutôt que d’attendre que quelqu’un fasse une crise cardiaque et d’essayer ensuite de la traiter, vous pouvez maintenant prédire quelles personnes ont un risque d’avoir une crise cardiaque plus élevé et donc faire de la prévention ciblée », indique Robert Plomin.

« Ce qui est devenu évident en médecine se répercutera, je pense, dans d’autres champs des sciences sociales, explique-t-il. Maintenant en Angleterre, les études sur la parentalité prennent en compte le critère génétique ». Même s’« il y a beaucoup de domaines des sciences sociales où les données ne comptent plus », déplore le psychologue. « Vous avez encore le droit de dire que la différence des sexes existe en France ?, ironise-t-il. J’ai toujours peur qu’on me pose la question quand je donne une conférence ».

La dimension génétique de la parentalité

« Cela a été une véritable révolution de réaliser que ce que nous appelons des variables environnementales, y compris la parentalité, ont en réalité une dimension génétique », déclare Robert Plomin. Ainsi, par exemple, « une étude d’adoption suédoise publiée en 2018 montre que le lien entre le divorce des parents et celui de leurs enfants est de nature génétique, pas environnementale », indique-t-il. Les chercheurs ont en effet constaté que « la probabilité de divorce est plus élevée pour un individu si c’est sa mère biologique qui ne l’a pas élevé, qui a un jour divorcé, et non pas ses parents adoptifs ».

En matière de réussite scolaire, le généticien explique qu’avec l’ADN seul, il est possible d’expliquer 15% de la variance des différences entre les enfants sur les tests de réussite scolaire. En revanche, « la qualité de l’école, pour laquelle les gens déménagent et dépensent tant, ne joue que pour 4% ».

Ce constat est finalement « libérateur pour les parents », estime le psychologue. « Rien ne sert d’aller à contre-courant des dispositions naturelles de l’enfant, il faut les encourager, trouver quelles sont les choses qui les intéressent et pour lesquelles ils sont doués », résume-t-il. Dès lors, « être un bon parent, c’est être réactif aux talents de l’enfant, pas de penser qu’ils sont une boule d’argile que l’on peut modeler à sa guise ».

 

Source : La Figaro, Eugénie Bastié (01/02/2023) – Photo : iStock

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