Cultiver des greffons chez un animal hôte : un essai concluant entre le rat et la souris

Publié le 25 Jan, 2017

Des chercheurs japonais, américains et britanniques ont apporté une preuve de faisabilité de la culture de greffons chez un animal hôte en vue de greffes interespèces (xénogreffes), entre rats et souris. Cette approche est « loin d’en être au stade de l’expérimentation chez l’homme », et « n’est pas sans soulever des difficultés techniques et des questions éthiques », mais elle est envisagée pour pallier la pénurie d’organes[1].

Dans leur article publié par la revue Nature, les chercheurs expliquent le procédé : ils ont fait pousser chez les rats un pancréas à partir de cellules souches pluripotentes des souris. Une fois greffé à des souris diabétiques de type 1, ce pancréas fonctionnait normalement. Les cellules souches pluripotentes ont été injectées à un stade embryonnaire précoce du rat, ces embryons étant dépourvus du gène indispensable au développement du pancréas. Ainsi, « les rats qui se sont développés comportaient des cellules issus des deux lignées –rat et souris-, sauf pour le pancréas, dont seule la lignée provenant de souris a pu spontanément se développer. Les vaisseaux qui le vascularisent étaient cependant de type rat ». La greffe a concerné une partie du pancréas, les amas de cellules productrices d’insuline (ilôt de Langerhans). Les souris ont reçu un traitement immunosuppresseur court (cinq jours) pour prévenir le rejet du greffon. La greffe a pris,  « probablement car les éléments vasculaires provenant des rats ont rapidement été éliminés ».

Est-ce que cela serait transposable à d’autres animaux et à l’espèce humaine avec un hôte animal ? Pour Sylvaine You, chercheuse à l’Inserm, « il est bien trop tôt pour le savoir ». Ici, « le modèle choisi fait appel à deux types de rongeurs », et chez ces animaux « un seul gène détermine la croissance du pancréas ». En outre chez l’homme, il faudrait utiliser des cellules souches pluripotentes dérivées des cellules adultes du receveur, ce qui implique « des problèmes matériels et économiques ».

Complément du 25/03/2024 : En combinant l’édition du génome avec l’outil CRISPR/Cas9 et la technique de « complémentation des blastocystes », des chercheurs sont parvenus à fabriquer des poumons de souris chez des rats. Pour les scientifiques, il s’agit d’« une étape importante vers la génération future de poumons humains en utilisant de grands animaux comme “bioréacteurs” ». Ils ont publié leurs travaux dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine [2].

 

[1] Dans le cas du diabète, les greffes pancréatiques sont réalisées chez les patients pour qui le traitement se révèle inefficace. Trois millions de personnes prendraient un tel traitement en France. En 2015,sur un total de 5746 organes greffés, le pancréas représentait 78 transplantations.

[2] Wen B, Li E, Wang G, Kalin TR, Gao D, Lu P, Kalin TV, Kalinichenko VV. CRISPR/Cas9 Genome Editing Allows Generation of the Mouse Lung in a Rat. Am J Respir Crit Care Med. 2024 Mar 20. doi: 10.1164/rccm.202306-0964OC

Sources : Le Monde, Paul Benkimoun (25/01/2017) ; National Library of Medicine (20/03/2024)

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