Don d’organes : la Suisse opposée au consentement présumé

Publié le 7 Sep, 2016

Une campagne sur le don d’organes a été lancée mardi en Suisse. Une nouvelle mesure la justifie : la carte de donneur, mise en place en 2014, sera désormais distribuée avec un double, qui servira à informer ses proches. Cette nouvelle campagne de l’Office fédéral de la santé publique est bien accueillie : « cela permet de faire mûrir la réflexion dans l’entourage, notamment s’il ne partage pas cet avis ». L’Office tient cependant à ce que les campagnes officielles disent « Réfléchissez à donner », « parlez-en », et non « donnez » ce qui serait de la « propagande ».

 

Comme en France, la pénurie de greffons inquiète en Suisse. L’objectif fixé il y a deux ans -passer à 20 donneurs d’organes par millions d’habitants d’ici 2018 – peine à être atteint. Actuellement, 134 000 suisses sont déclarés donneurs et portent une carte, mais ce chiffre ne représenterait qu’un tiers des donneurs attendus.

 

Le régime du consentement explicite étendu[1]  a actuellement cours en Suisse. Mais le coût d’un registre électronique de donneurs est trop élevé, et les questions d’accès aux informations des donneurs difficiles à régler. La carte de donneur, bien que limitée, associée aux campagnes d’informations, a pour but de lever le tabou. Le taux de donneurs déclarés, inférieur aux attentes, s’expliquent selon les autorités suisse par « le refus de réfléchir à sa propre mort, aux modalités d’enterrement ». La mort « est une zone d’ombre dans notre culture ; or prendre une carte de donneur, c’est accepter que l’on peut mourir subitement ».

 

La Suisse s’est également interrogée sur le principe du consentement présumé, mais il a été refusé par le Parlement en mars 2015 : « Le libre-choix et l’autodétermination nous paraissaient nécessaires », explique un membre de la Commission nationale d’éthique. « Il est important de nourrir une réflexion sur ce que signifie le don, et que celui là ne devienne pas un automatisme juridique ». En outre, « en regard d’autres pays où ce principe est mis en place, rien ne montre qu’il augmente le nombre de donneurs. Au contraire, on ne peut passer outre le consentement de la famille qui vit un drame, mais doit prendre une décision rapide : il y a donc beaucoup de refus ».

 

[1] « Chaque personne reste libre de choisir. La carte de donneur (ou une directive anticipée) permet d’exprimer sa volonté. Faute de document écrit, il appartient aux proches de dire s’ils connaissaient la volonté du défunt, et à défaut de trancher en respectant sa volonté présumée. S’il n’y a ni carte ni proches, le prélèvement est interdit ».

Romandie (6/09/2016); Rts, Jessica Vial (8/09/2016)

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