Thibaud Collin : « L’affaire Vincent Lambert », ou quand la peine de mort menace l’innocent

Publié le 12 Mai, 2015

La Cour européenne des droits de l’homme doit déterminer s’il est juste d’arrêter de nourrir et d’hydrater Vincent Lambert, cet homme de 40 ans en état de « conscience minimale plus » (cf. Gènéthique Vous Informe du 4 mai 2015).

 

Le « cas Vincent Lambert » est devenu le « point de Cristallisation d’un débat sur la mort (…) dans notre société française » souligne Thibaud Collin[1], professeur de philosophie en classe préparatoire et à l’Ipc, facultés libres de Philosophie et de Psychologie de Paris.

 

Il déclare « capital » le jugement qui sera rendu par la CEDH, d’autant plus que mille sept cents personnes sont, en France, dans un état dit « pauci-relationnel » similaire à celui de Vincent Lambert.

 

« L’enjeu de cette affaire n’est rien de moins que de savoir si on peut condamner à mort un innocent, sous prétexte qu’il est dépendant et n’a plus accès à ce que l’esprit de notre époque décrète comme une vie méritant d’être vécue », relève-t-il. « Ce qui est en jeu, c’est de savoir si la vie en elle-même est bonne », poursuit le philosophe qui note que « nous vivons dans une époque nihiliste pour laquelle la vie n’apparaît plus en elle-même comme un bien ».

 

Pour Thibaud Collin, « l’existence actuelle de Vincent Lambert est devenue un appel ». «  Dans sa passivité radicale elle est une provocation au don », explique-t-il, car « la vie vulnérable et fragile réclame (…) l’attention du prochain et suscite des trésors de bienveillance ». « Tel est ce que révèle l’affaire Lambert : le niveau de solidarité de la communauté humaine et nationale devant la fragilité de l’existence humaine ».

 

Cette « affaire » pose ainsi « des questions fondamentales qui exigent des prises de positions publiques ». « Si la CEDH juge que la vie de Vincent Lambert ne mérite plus d’être vécue, ce sera une transgression supplémentaire de l’esprit de notre civilisation », déclare Thibaud Collin avant de conclure : « Alors que la France a renonce en 1981 à la peine de mort pour des hommes jugés coupables de crime, la peine de mort sera alors réintroduite pour des personnes reconnues innocentes. Leur seul drame est d’êtres devenues vulnérables ».

 

 

Note Gènéthique

Pour plus d’informations sur Vincent Lambert : Comité de Soutien à Vincent Lambert

Pour soutenir Vincent Lambert, signez l’appel  Sauver Vincent, tout simplement

 

[1] Thibaud Collin est expert de Gènéthique.

Famille Chrétienne (Thibaud Collin) 13/05/2015

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