L’Eglise et les nouvelles techniques de procréation

Publié le 15 Sep, 2014

A l’occasion d’un colloque sur la procréation qui s’est déroulé ce week-end à l’Université de Fribourg (Suisse) *, Thierry Collaud, professeur de théologie morale et président de la Commission de bioéthique met en lumière le “discours positif” de l’Eglise concernant la procréation, dans une interview accordée au site suisse liberte.ch. 

 

Interrogé sur le rôle de la Commission de Bioéthique, il précise tout d’abord que la Commission a “la désagréable impression qu’on [lui] demande le plus souvent d’être pour ou contre telle ou telle technique, que ce soit sur l’avortement, la fécondation in vitro, la congélation des embryons, les cellules souches et maintenant le diagnostic préimplantatoire [DP]”, faisant référence ici au débat qui se déroule actuellement en Suisse concernant l’éventuelle autorisation du DPI dans une loi relative à la PMA. Il regrette que “l’avis de l’Eglise [soit] souvent réduit à une morale du ‘permis-défendu’ “. 

 

Les enjeux éthiques qui se cachent derrière la PMA sont ceux relatifs à “l’existence humaine, la naissance, la mort la souffrance“. Des enjeux qui reviennent souvent “parce que les progrès techniques et l’évolution sociale font qu’on amène des manières de faire nouvelles“, explique T. Collaud.   “L’Eglise ne veut pas s’engager dans ce processus. Elle considère que la procréation […] ce n’est pas que mettre en présence un ovule et un spermatozoïde “. Ainsi, “ce qui derrange avec les technologies de procréation assistée, c’est la volonté de maîtrise du processus“.

 

Le processus de procréation “implique la perte et la destruction d’un certain nombre d’embryons. On touche là au statut de l’embryon, à son respect dès son apparition“. C’est “cette perte d’embryons, liée à la technique” qui pose question à l’Eglise.

 

En Suisse, le débat porte aujourd’hui sur le DPI. Une technique, qui “impose une augmentation du nombre d’embryons, ce qui veut dire que l’on va en détruire plus“.  Par ailleurs, en congelant les embryons, il est porté “atteinte à leur dignité. On va contrôler le temps d’un être vivant, ce qu’on avait jamais fait pour un être humain sauf dans les romans de science-fiction“. Enfin, et c’est la principal objection, le “DPI sera explicitement utilisé pour trier les embryons“, amenant à une limitation du droit à la vie précise T. Collaud. “On est là sur une pente extrêmement dangereuse. […] Avec le DPI, on prévient la maladie, mais en éliminant le malade, comme avec l’euthanasie chez les personnes âgées“. Ainsi, et le Conseil fédéral Suisse le reconnaît, “l’utilisation du DPI, c’est finalement de l’eugénisme“. 

 

Amené à comparer le DPI, avant la grossesse, et le DPN [diagnostic prénatal] réalisé au cours de la grossesse et qui peut amener à l’avortement, T. Collaud explique que si le recours au DPI “peut sembler plus ‘humain“, ce n’est pas le cas. Le DPI “n’est pas plus acceptable à [son] sens parce qu’il induit une banalisation du tri, sans douleur“. 

 

Seul point positif accordé au DPN, le fait qu’il puisse “permettre d’intervenir sur le foetus pour le soigner et améliorer sa qualité de vie future. L’Eglise n’est pas opposée au [DPN], mais à l’avortement qui suit. Elle n’est pas opposée au progrès, mais contre des progrès inconsidérés“, précisant d’ailleurs qu’elle “est un acteur majeur dans le domaine de la santé au niveau mondial, […] elle gère des hôpitaux, des universités“. 

 

* sur le thème “La joie d’accueillir la vie – Eglise catholique : un discours positif sur la procréation“. 

laliberte.ch (Pascal Fleury) 13/09/2014

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