La mort clinique pour mieux soigner un patient en pleine hémorragie

Publié le 15 Juin, 2014
 Il y a deux ans, les autorités de santé américaines ont décidé de lancer l’étude EPR-CAT (Emergency preservation and ressucitation for cardiac arrest from trauma), avec comme condition préalable d’en faire la publicité. La technique consiste à ce que lorsqu’un patient est victime d’une hémorragie, il lui soit injecté un liquide physiologique très froid qui, en 15 minutes, fait chuter la température du malade à 10 degré: “son coeur ne bat pas, et il n’a plus d’activité cérébrale“, le patient est en état de mort clinique. Avant de réchauffer le patient, de rétablir sa circulation sanguine et de relancer son coeur, les médecins ont deux heures pour soigner ses blessures. 
 
Ainsi, si une publicité de la pratique a été exigée par les autorités américaines, c’est parce que l’accord du malade est ici impossible à obtenir, le patient étant inconscient, contrairement à un essai thérapeutique normal.
 
Pourquoi une hypothermie? Parce que le coeur s’arrête lorsqu’il n’a plus assez de sang, “l’oxygène ne parvient plus au cerveau, qui présente [alors] en quelques minutes des lésions irréversibles“. Ainsi, en reffroidissant le corps, “les cellules sont moins gourmandes en oxygène et l’inflamation est réduite“. Induire une hypothermie très profonde, tel est donc le pari du Dr Tisherman, en collaboration avec le Dr Peter Rhee (Université de l’Arizona). 
 
Pour le Pr Thomas Geeraerts, anesthésiste-réanimateur au CHU de Toulours, “l’idée est intéressante […] mais il sera très difficile de reffroidir aussi vite le patient. Ils l’ont fait en laboratoire, sur des cochons qui ne faisaient que saigner; c’est plus compliqué aux urgences, chez des patients qui ont souvent des troubles associés et saignent en plusieurs endroits“. “La clef du succès précise-t-il, sera l’entraînement des équipes“. 
 
Si toutefois les médecins constatent que les blessures ne peuvent être réparées, le froid conserve les organes. Ainsi, la question de pose de savoir si les médecins pourraient ne pas décider de réchauffer le patient qu’il ont mis en état de mort clinique, “au bénéfice d’un patient en attente de greffe”, précise le journaliste: “Oui, concède le Dr Tisherman, il pourrait y avoir là une opportunité pour le don d’organes“, mais avec de nombreuses et délicates questions éthiques ajoute le journaliste. 
 
Le scénario est actuellement réalisé sur 10 patients à l’hôpital presbytérien de Pittsburg, en Pensylvannie, et sera comparé à celui de 10 autres patients soignés avec les techniques classiques. Les résultats seront publiés mais “pas avant au moins deux ans“, précise le Dr Tisherman, afin d’en rassembler suffisamment. 

 Le Figaro (Soline Roy) 16/06/2014

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