Transsexualisme: l’Académie de médecine émet des réserves sur l’autoconservation des gamètes

Publié le 30 Mar, 2014

 L’Académie de médecine vient de rendre son avis sur l’autoconservation des gamètes chez les transsexuels, dans la perspective d’un projet parental après leur transition. 
Chaque année en France, en moyenne, “entre 100 et 200 personnes transsexuelles sollicitent un traitement hormonal et/ou chirurgical susceptible de les stériliser“. 

Premier point abordé par l’Académie de médecine, la question de la stérilisation chirurgicale. En cas d’ “intervention chirurgicale avec ablation des organes reproducteurs, la stérilité est irréversible“. Selon le Code de la santé publique, une telle intervention ouvre le droit, pour préserver la fertilité, à une conservation des gamètes et de tissus germinaux (CGTG). Ainsi, en cas de projet parental éventuel, “l’Académie recommande […] que la prise en charge médicale des parcours de transition exclue la stérilisation chirurgicale au profit des traitements hormonaux” car il n’est pas démontré que ces traitements hormonaux “entraînent des modifications irréversibles de la gamétogenèse et empêchent la fertilité de pouvoir s’exprimer naturellement ultérieurement“. Si par principe, avant un traitement pouvant mener à la stérilisation, une demande de CGTG ne peut etre refusée, l’Académie estime qu’elles ne peuvent être automatiquement réalisées. Elle ajoute quil doit être discuté du projet parental avec les intéressés et que “le médecin doit faire du cas par cas dans l’analyse des possibilités et modalités de l’utilisation des gamètes“. 

Deuxième point abordé par l’Académie, la question de l’identité de la personne et de l’identité procréative. L’Académie de médecine a souhaité s’arrêter à une analyse législative de la chose. “Elle pointe […] [ainsi] un probable hiatus entre l’identité de la personne, le corps biologique et l’identité parentale. Malgré les traitements, l’identité corporelle reste sexuée en fonction des chromosomes d’origines“. Au niveau de l’identité parentale, “on assiste à un mélange de paternité et de maternité“, mentionne l’Académie. Si chez les enfants issus de parents transsexuels aucun trouble n’a été détecté, “l’Académie estime en revanche qu’être issu d’un ‘père-mère’ peut être une situation à risque” : “quelle siginification donner à un projet parental qui serait initié sur la base d’une discordance entre l’identité de la personne et l’identité procréative?” interroge l’Académie. Elle préconise donc “des recherches sur le ressenti des enfants conçus dans des circonstances de transsexualisme et des précisions sur les conditions règlementaires encadrant la conservation des gamètes et des tissus germinaux“. 

 

 Le quotidien du médecin (Coline Garré) 31/03/2014

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