Le retour du clonage thérapeutique doit-il nous inquiéter ?

Publié le 6 Mai, 2014

Depuis l’annonce de la naissance de la brebis Dolly en 1996, le premier mammifère cloné, la question du clonage thérapeutique avait disparu. Mais deux publications, coup sur coup, semblent changer la donne (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 22/04/2014 et du 29/04/2014). Le clonage thérapeutique serait-il de retour et cela doit-il nous inquiéter ?

Sur le site Mediapart, Michel de Pracontal, journaliste scientifique, relativise.
 
Il précise tout d’abord que la technique utilisée pour la brebis Dolly, “le clonage par transfert de noyau”, “ne conduit pas nécessairement à reproduire un organisme vivant”. Car en 1996, des biologistes ont précisément pensé que si progrès il y avait, ce n’était pas sur le fait d’être parvenu à multiplier des moutons, mais sur “la possibilité de produire à la demande de précieuses cellules souches que l’on utiliserait comme ‘pièce de rechange’ pour l’organisme“, en mettant en culture l’embryon cloné et non en le réimplantant.
 
Le clonage thérapeutique n’est pas si facile à réaliser. Le journaliste mentionne que tant les primates que l’homme “se sont révélés particulièrement réfractaires au clonage“, et grand nombre de tentatives ont échoué. 

Des difficultés existent encore aujourd’hui. Preuve en est, la ponction d’ovocytes qui a été nécessaire à l’équipe de Dieter Egli (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 29/04/2014) n’est pas “anodin[e], elle nécessite une intervention sous anesthésie, ce qui limite le nombre de donneuses”.

 

Enfin, précise Michel de Pracontal, la crainte que peut entraîner l’utilisation du clonage, à savoir la naissance d’un bébé cloné, a amené nombre de pays à en interdire la pratique, à l’image la France. Par conséquent, les obstacles techniques et éthiques du clonage thérapeutique existent, freinant les recherches dans ce domaine.

 

D’autant qu’en 2007, le chercheur Shinya Yamanaka, Prix Nobel de médecine, publie ses recherches portant sur les “cellules pluripotentes induites” ou “IPS”, qui permettent, elles aussi, d’obtenir des cellules adultes différenciées. Avantages de la technique ? Les ovocytes ne sont pas nécessaires et, n’utilisant ou ne créant aucun embryon, la technique s’affranchit des barrières éthiques.

 

Ce succès va-t-il amener les chercheur à délaisser le recours au clonage thérapeutique pour obtenir des cellules adultes différenciées ? A l’inverse du biologiste Dieter Egli, qui “croît en l’avenir de la ‘thérapie cellulaire personnalisée'”, pour Marc Peschanski, directeur d’I-Stem, “les IPS sont plus simples à utiliser. Cloner des cellules qui ont le patrimoine génétique d’un individu précis est déjà très acrobatique, et il me semble peu réaliste d’appliquer cette méthode à un grand nombre de patients“. 

 Mediapart (Michel de Pracontal) 05/05/2014

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