Le “Praenatest” est-il une réelle avancée ?

Publié le 27 Août, 2012

Après l’annonce par le Laboratoire Lifecodexx, dans le journal Suisse Neue Zürcher Zeitung am Sonntag, de la commercialisation du nouveau test "Praenatest" capable de diagnostiquer la trisomie 21 (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 30/07/12), le même quotidien publie un article interrogeant sur ce "qu’apporte réellement le Praenatest".
Les opposants à la commercialisation de ce nouveau test "craignent que la pression n’augmente sur les femmes enceintes qui auront systématiquement recours au test et en cas de résultat positif, procèderont à un avortement". Accepter une telle technique "est un choix éthiquement problématique, consistant en la sélection de vies humaines".
En pratique, "l’arrivée du Praenatest ne changera pas fondamentalement le processus du dépistage prénatal". Actuellement, le risque d’avoir un enfant atteint de trisomie 21 est notamment dû à l’âge et concerne les femmes âgées de plus de 35 ans. Ce risque est "mesuré dans le cadre d’un dépistage réalisé au premier trimestre de la grossesse […]". Ce n’est que si ce risque est élevé, que le médecin recommandera à la femme enceinte de recourir à l’amniocentèse, un examen invasif pour le fœtus. Pour Peter Miny, médecin spécialisé en génétique à l’université de Basel, il est à craindre que de plus en plus de femmes ne recourent au Praenatest, "beaucoup plus précis que le dépistage actuel". Par conséquent, "le débat éthique ne se situerait plus sur le risque de fausse couche lié à l’amniocentèse, mais sur le risque que l’avortement devienne la seule option possible en cas de résultat positif à ce nouveau test".    
Pour autant, précise le médecin, "le nouveau test ne rendra pas obsolètes les méthodes invasives" car "l’analyse des cellules fœtales" effectué lors de l’amniocentèse "demeure plus fiable que le Praenatest et sera indispensable à la validation du nouveau test sanguin suspectant la trisomie 21". Avec le Praenatest, ajoute Peter Miny, "il est procédé à une analyse des fragments d’ADN  de l’enfant. Ceux-ci sont ensuite séquencés et les chromosomes répartis par paire", ce qui permet "d’observer s’il existe deux ou trois chromosomes 21".
Enfin, le Praenatest permet seulement de diagnostiquer la trisomie 21. Ainsi, précise Peter Miny, "pour toutes les autres anomalies, on a besoin d’analyser les cellules fœtales". Mais selon lui, la situation devrait changer car on "devrait pouvoir diagnostiquer d’autres types de trisomie à partir du sang de la mère (trisomie 18 et 13)", ainsi que d’autres lourdes maladies génétiques héréditaires. Si le médecin considère que la possibilité de lire intégralement le génome de l’enfant à partir du sang maternel est une avancée, en revanche, il considère qu’il "faut prendre garde que cette avancée n’échappe au contrôle de la médecine et ne soit directement accessible au ‘consommateur’" car "ce serait une horreur […]". Pour Peter Miny, "le mythe de l’enfant parfait sur commande est encore et toujours attisé".
 

Nzz.ch (Alan Niederer) 07/08/12

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