L’exposition à des substances chimiques à l’origine d’une diminution de la fertilité

Publié le 29 Mar, 2012

En 2009, pour la première fois au monde, René Habert, professeur de physiologie de la reproduction à l’Université Paris-Diderot, et son équipe, publie une étude démontrant l’effet néfaste de certaines substances sur les testicules humains, laissant alors suspecter une toxicité pour la reproduction humaine.

Plus précisément, l’étude a consisté à exposer des testicules humains prélevés sur des fœtus issus d’IVG, aux effets du MEHP, un dérivé du phtalate, une substance présente dans un grand nombre de produits utilisés quotidiennement tels que les tissus synthétiques ou encore les bouteilles en plastique. Au bout de trois jours d’exposition des testicules au MEHP, l’étude montre que ces derniers "perdent 20% de leurs cellules germinales". Or c’est à partir de ces cellules que l’homme produit des spermatozoïdes au moment de la puberté. Une telle étude vient confirmer diverses publications des années 90.
Notamment, une étude danoise portant sur l’analyse du sperme de 15 000 hommes de pays différents, sur une période de 50 ans, montre que la concentration en spermatozoïdes a diminué de 50%. Une étude française menée par différents CECOS (Centre d’étude et de conservation du sperme et des œufs humains) confirme cette réalité: "l’homme d’aujourd’hui produit deux fois moins de spermatozoïdes que son père ou son grand-père".
Ce constat ne s’expliquerait pas par des causes génétiques mais bien par des causes environnementales puisque d’une ville à l’autre, la qualité du sperme varie.

En parallèle, il a été observé que, dans les environnements contaminés par des molécules chimiques d’origine industrielle ou chimique, plusieurs espèces animales ont tendance à se féminiser.
Ces substances introduites dans notre environnement perturberaient le rôle des hormones et modifieraient les conditions nécessaires à la masculinisation des espèces. Chez l’homme, le "processus grâce auquel le fœtus devient mâle serait bouleversé par les substances chimiques auxquelles est exposée la mère durant la grossesse". Cela aurait un impact sur le "déclin du sperme" constaté, ce qui peut être à l’origine de l’infertilité chez les couples aujourd’hui. Certes, techniquement, un seul spermatozoïde suffit pour concevoir un embryon en laboratoire. Mais la journaliste s’interroge : peut-on accepter que "la science prenne peu à peu le relais de la procréation naturelle, connaissant le tribut psychologique que paient les couples y ayant recours et le coût économique qu’elle représente pour la société?".

Il devient donc urgent d’effectuer un plan de surveillance de la fertilité chez l’homme afin de savoir si cette diminution de la qualité du sperme s’accentuerait ou non. Au Dannemark par exemple, il est conseillé aux femmes de ne pas utiliser de produits tels que les sprays, ou encore les teintures pour cheveux et tout contact avec la peinture.
Le Pr René Habert souhaite que la France fasse de même en insérant un logo "non recommandé aux femmes enceintes et aux jeunes enfants" sur les produits susceptibles d’être nocifs.
 

Le Point (Violaine de Montclos) 29/03/12

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