Don de sperme : pas de dérives en France ?

Publié le 17 Oct, 2011

Alors que les dérives liées aux dons de sperme font débat aux Etats-Unis, autour du cas des 150 enfants nés d’un même donneur (Cf. Synthèses de presse du 08/09/11 et du 04/10/11), Pauline Tiberghien, gynécologue et présidente de l’association PMA (Procréation Médicalement Anonyme), explique qu’une situation identique ne serait pas exclue en France.

Un certain nombre de praticiens affirme qu’un tel nombre d’enfants par donneur ne peut exister dans notre pays, la loi fixant au nombre maximal de 10 les naissances issues d’un même donneur (Cf. Synthèse de presse du 28/09/11). Pourtant, cette limite n’a été fixée légalement qu’à partir de 1994 et "au moment de la conception de la plupart des personnes nées de donneurs en France, aucune limite légale n’existait". Un cas similaire à celui du donneur américain n’est donc pas impossible en France et ce "d’autant plus que jusqu’en 1976, certains centres rémunéraient les dons".

Une enquête, conduite en 1975 au centre de dons de l’hôpital Necker à Paris, fait ressortir deux types de profil de donneurs : les "altruistes" et les "professionnels du don". Cette deuxième catégorie est bien réelle. C’est ce que montre le livre de Guy des Cars, intitulé "Le donneur" et relatant l’histoire vraie d’un homme ayant donné son sperme durant 20 ans à Paris, permettant la naissance de 4 320 enfants.

Pauline Tiberghien récuse donc le propos de Jean-Marie Kunstmann, directeur du Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme) de l’hôpital Cochin à Paris, selon lequel 20 enfants nés d’un même donneur ne seraient pas exposés à un risque de consanguinité plus grand que celui de la population générale. Aucune étude scientifique n’a jamais démontré la vérité de cet argument, également mis en avant par l’Agence de la biomédecine (ABM). En outre, si une limite est aujourd’hui fixée par la loi, "elle n’est pas forcément respectée en pratique", car il n’y a pas de concertation entre les différents centres. Il n’existe pas de base de données commune aux 24 Cecos en France afin de s’assurer que la limite de 10 enfants conçus par donneur n’a pas été franchie. "Or, les donneurs qui veulent "s’assurer la descendance la plus nombreuse possible", quitte à s’inscrire dans plusieurs centres, voire dans les 24 à la fois, existent".

Louis Bujan, président de la fédération française des Cecos avait reconnu, en novembre 2010, qu’une "sérieuse alerte a poussé la fédération à inventer un système permettant de repérer les cas suspects". Depuis, chaque centre communique les dates de naissance des candidats au don au Cecos de Toulouse, chargé de les confronter. Rien ne permet toutefois d’évaluer la fiabilité de ce système récent de vérification, dont on ne sait s’il est "assorti d’une procédure écrite et d’une quelconque vérification des simples dires du candidat au don". Il est donc urgent de mettre en place un fichier commun à tous les Cecos, qui permettrait d’identifier les donneurs.

Leplusnouvelobs.com 14/10/11

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