Le Samu et la fin de vie

Publié le 28 Fév, 2005

Une étude sur "les modalités de prise de décision de limitation ou d’arrêt thérapeutique (LATA) en médecine pré hospitalière" vient d’être présentée au dernier congrès de la Société de réanimation, fin janvier. Elle a révélé que la quasi totalité des Samu de France est confrontée aux questions de fin de vie et d’arrêts de traitements. L’étude révèle aussi les difficultés pour les services du Samu à trouver des places dans des services de réanimation.

Notons que dans le monde de la réanimation et des urgentistes l’expression "euthanasie passive" est bannie. On utilise le terme technique de limitation ou arrêt de traitement (LATA). Dans ce geste de "non obstination thérapeutique" le médecin se contente de soulager et d’arrêter les thérapies agressives. Cette attitude médicale s’oppose à l’euthanasie, geste clair qui vise à provoquer la mort.

Il y a 5 ans une autre étude menée par le Dr Édouard Ferrand, médecin hospitalier réanimateur à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, avait montré que près d’1 décès sur 2 en réanimation était lié à une décision médicale à savoir une limitation ou un arrêt de traitement (chiffre  évalué aujourd’hui à 80%). "On avait noté dans ce travail que près d’un quart des décisions de LATA étaient prises le premier jour en réanimation. Ce qui voulait dire qu’en amont, et donc éventuellement dans le Samu qui amène le patient en réa, la question de fin de vie était posée de façon aiguë".

Cette nouvelle enquête a permis de confirmer la réalité de ces pratiques dans la quasi totalité des Samu de France. Ces décisions concernent principalement des patients âgés. La plupart du temps la décision est prise conjointement entre le médecin du Samu et l’infirmière qui l’accompagne ou le médecin régulateur qui gère le 15. 

La décision de LATA est généralement appliquée dès l’arrivée du Samu c’est à dire en pré hospitalier et non à l’arrivée à l’hôpital. Les raisons sont multiples mais dans 90% des cas c’est parce que "le pronostic vital est mauvais". Notons que dans 28,7% des cas, le Samu évoque comme argument le coût économique pour la société, dans 23,9% le manque de lits à l’hôpital.

En conclusion, on peut juger qu’en France le Samu s’est construit sur le principe suivant : on déplace l’hôpital auprès du patient. A lui de décider des choix cliniques. Pour Edouard Ferrand "ce contexte de prise en charge pré hospitalière médicalisée est susceptible de faire émerger des questions éthiques spécifiques. La question est de savoir comment rendre la décision médicale possible et légitime".

A l’occasion de ses prochaines journées de formation, le Samu de France traitera de la question de l’urgence et de la mort.

Libération (Eric Favereau) 28/02/05

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