Des conséquences psychologiques de la FIV

Publié le 25 Juin, 2008

Annie Bachelot, psychosociologue à l’Inserm, a analysé les effets de la prise en charge médicale de l’infertilité sur les couples. Elle a contribué à uneétude de l’Institut national d’études démographiques (INED) qui vient de paraître : De la pilule au bébé-éprouvette. Choix individuels ou stratégies médicales ? (cf. Synthèse de presse du 24/06/08). Elle répond aux questionsdu journal Le Monde.

Pour elle, la pratique de la fécondation in vitro (FIV) n’est "absolument pas banale". Les couples en parlent comme d”’un parcours du combattant".

"Nous sommes passés de l’ère des pionniers à un modèle plus consumériste", analyse-t-elle. "Dès que le diagnostic d’infertilité est posé, l’orientation vers l’assistance médicale à la procréation (AMP) est proposée par les médecins, sans doute afin d’amoindrir la dureté de l’annonce (…). La décision est souvent prise très rapidement. L’infertilité est toujours vécue comme un handicap, on en parle peu ou alors aux très proches, et on s’engage tout de suite dans ces parcours."

"Annie Bachelot a observé le comportement particulier des couples vis-à vis de l’équipe médicale. Ils ont "le sentiment que leur désir d’enfant doit s’articuler avec le désir de réussite du médecin", si bien que, remarque-t-elle, "dans la FIV, on fait ainsi davantage un enfant à trois qu’à deux".

Faire une FIV est un parcours difficile : c’est "un choc quand ils découvrent qu’ils ont peu de temps devant eux. En moyenne les couples entrent dans le processus à 34 ans. A partir de 37 ans, la fertilité baisse. C’est une contrainte en terme d’organisation et "les traitements sont douloureux avec un grand risque d’échec (seules 20% environ des tentatives réussissent)". "Certains ont eu le sentiment d’une instrumentalisation de leur corps, les femmes d’être devenues des machines à produire des ovocytes et les hommes d’être réduits à un statut de donneurs de sperme à répétition". Anne Bachelot constate que les couples sont nombreux à "s’élever de plus en plus contre une médecine qu’ils qualifient de "vétérinaire"".

Enfin Annie Bachelot note que "lorsqu’un couple n’est pas arrivé à avoir d’enfant, la décision d’arrêter vient principalement de l’homme (…). Cette démarche de l’homme rassure la femme sur sa féminité quand il lui dit implicitement qu’elle peut être femme sans être mère".

Le Monde (Cécile Prieur) 25/06/08

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