Dans son dernier livre*, Jürgen Habermas explique que nous sommes en train de vivre une grande “révolution” : celle de la soumission de la vie à la biotechnologie. “Doit-on laisser les sociétés réguler notre destin génétique ?“. Il montre que si les pratiques eugénistes semblent hors de portée, elles ne sont nullement invraisemblables. Il prend comme exemple le développement des diagnostics pré-implantatoires et des travaux sur les cellules souches embryonnaires.
Si c’est au sein de notre communauté humaine que nous devons discuter des règles à adopter, les générations suivantes revendiqueront peut-être leur participation à ce débat. “Est-ce que nos enfants seront heureux d’apprendre que nous avons “trafiqué” leur patrimoine génétique ?“
Habernas explique que “sous prétexte d’éviter des pathologies dont l’extrême gravité est indubitable, la société ne doit pas laisser se développer un eugénisme négatif“. Pour lui, ce n’est pas “aux apprentis sorciers de la biotechnologie de décider seuls de la vie qui vaut d’être vécue“.
L’avenir de la nature humaine : vers un eugénisme libéral ? de Jürgen Habermas chez Gallimard.
La Croix (Jean-François Petit) 05/12/02 – Libération (Robert Maggiori) 09/01/03