A propos de l’assistance médicale à la procréation

Publié le 25 Mar, 2008

Danielle Moyse, docteur en philosophie et chercheur associée au Centre d’étude des mouvements sociaux (CNRS – EHESS) revient sur les raisons invoquées pour interdire la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels et s’interroge pour savoir si, au final, ces raisons ne doivent pas s’appliquer à toutes formes de PMA.

Dans le cas des couples homosexuels, on pourrait arguer que le médecin n’a pas à intervenir, puisque l’impossibilité de procréer ne résulte pas de l’infertilité pathologique d’un des deux partenaires. Mais dans ce cas, les médecins pourraient se défausser de tous les cas de PMA où la stérilité n’est pas médicalement attestée. Il faudrait aussi remettre en question toutes les situations où la société fait jouer à la médecine un rôle qui n’est pas curatif, comme cela est le cas pour l’avortement, la détection prénatales des anomalies à des fins de sélection ou même, la contraception.

On pourrait aussi arguer que l’enfant pâtirait de la situation d’être apparemment issu de deux êtres du même sexe et de tout les problèmes de filiation que cela engendre. Or tout cela, ne fait que rejoindre le cas d’autres naissances produites par PMA. Des psychiatres ont d’ailleurs déjà mis en avant les risques psychologiques consubstantiels à la procréation non naturelle.*

L‘une des particularités de la PMA est de faire d’une naissance le résultat d’un tri. Ces enfants nés par PMA peuvent s’interroger sur la légitimité d’une vie qu’ils doivent au fait que d’autres ont été empêchés de naître.  Ils peuvent ressentir culpabilité et sentiment de toute puissance. "Ces enfants impossibles rendus réels par la magie de la science n’auront-ils pas une "identité conceptionnelle" de toute façon inédite ?" s’interroge Danielle Moyse.

La philosophe veut souligner que la PMA pour des couples homosexuels "n’est qu’une variante de la procréation hors sexualité et qui rejoint, à bien des titres, des difficultés inhérentes à cette dernière". Il est urgent, dit Danielle Moyse, de réfléchir à "l’artificialisation de la naissance".

* Humeau C., Arnal F. La procréatique, Ed. Sauramps Médical, 2003 
  B. Bayle L’Enfant à naître, Ed. Eres, 2005

La Croix 25/03/08

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