France : la PMA sur le banc des accusés

Publié le 23 Nov, 2007

Le Point consacre un article aux "dérives de la fécondation in vitro" (FIV), dressant le bilan de la procréation médicalement assistée (PMA) en France. Si, dans les années 80, la France était un des pays pionniers en la matière, ses résultats sont aujourd’hui parmi les plus mauvais d’Europe (juste devant la Belgique et la Serbie-Monténégro).

Le professeur René Frydman, chef de service à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, "père" français de la FIV (il a donné naissance, en février 1982, à Amandine, premier bébé-éprouvette français et, quatre ans plus tard, au premier enfant issu d’une congélation embryonnaire), tente d’expliquer cette situation. Pour lui, elle est due en partie à la prise en charge de l’infertilité par la Sécurité sociale qui induit des abus, de la part des couples, mais aussi de certains médecins.

Pour certains couples, cette prise en charge est devenu un "droit" et, "même si le pronostic est mauvais, de l’ordre de 5% de chances, ils veulent essayer". "C’est comme si l’on greffait un cœur à un homme de 90 ans ou souffrant d’une grave infection, on sait bien que ça ne peut pas marcher." "Et pourtant, ils finissent par trouver des médecins pour se lancer dans l’aventure", regrette-t-il.

D‘après lui, "certaines femmes font six, huit, voire dix tentatives, alors que le nombre légalement remboursé est de quatre, et que, au-delà, les chances s’amenuisent sérieusement".

"Il n’y a pas de contrôle", dénonce-t-il. "Il suffit de faire du tourisme médical, de changer de centres, pour passer à travers les mailles du filet." Afin d’y voir plus clair sur les réelles performances françaises en matière de PMA, l’Agence de la biomédecine vient notamment de mettre en place un registre des activités de FIV. Pour Carine Camby, directrice de l’Agence, "une base de données permet d’envisager les mesures correctrices adaptées. C’est un vrai outil de santé publique, nécessaire pour évaluer les besoins et proposer une certification ainsi qu’un contrôle de qualité. Et c’est indispensable pour assurer à tous les couples des prestations de qualité, partout en France".

Alors que la moyenne nationale d’obtention de grossesses ne dépasse pas les 25%, le professeur Samis Hamamah (CHU de Montpellier) est convaincu qu’il est possible d’"obtenir entre 40 et 50% de grossesses", "sans tricher".

Les spécialistes montrent aussi du doigt le manque de moyens, le manque de reconnaissance accordée à leur profession et, par voie de conséquence, le manque d’étudiants intéressés. "Il y a urgence à élaborer un plan pour soutenir la périconceptologie, pour la valoriser sur le plan universitaire et l’aider à rester performante", et ce d’autant plus que "15% des couples consultent pour des problèmes de fertilité", conclut René Frydman.

Le Point (Anne Jeanblanc) 22/11/07

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