Vers un nouveau féminisme (1) – sous la direction de Michele M. Schumacher

Publié le 31 Juil, 2006

Le début d’un nouveau millénaire est l’occasion de réévaluer de nombreuses tendances culturelles. Le féminisme est l’une de celles qui nécessitent une réévaluation complète. Au cours du XXème siècle, le féminisme s’est engagé dans sa propre crise en succombant à l’idéologie et à la politique et en négligeant de se fonder sur de solides arrière-fonds philosophique et anthropologique. Aujourd’hui il y a presque autant de tendances différentes que de partisans et il présente des conceptions de la personne humaine incompatibles voire contradictoires.

Le livre que nous présentons aujourd’hui, s’inscrit dans ce mouvement de réflexion et de questionnement. Partagé en treize articles, écrits par d’éminents chercheurs internationaux, l’ouvrage s’efforce de mettre en œuvre une anthropologie intégrale, philosophique et théologique. Au centre de cette anthropologie se trouve la révélation de la personne humaine –homme et femme – dans le Christ. Toutefois l’ensemble de l’ouvrage qui entretient un dialogue significatif avec le féminisme traditionnel pourra intéresser tout lecteur, y compris non-chrétien.  

 

Au coeur du féminisme

 

Le nouveau féminisme est un défi lancé pour la première fois par le pape Jean Paul II dans sa lettre encyclique Evangelium Vitae (1995).

Il se fonde sur deux composantes fondamentales : l’hylémorphisme et la réalité dynamique des personnes agissantes. L’hylémorphisme affirme que l’âme est “l’agir” du corps et que la personne est une unité d’âme et de corps. Pour Jean Paul II, “l’âme elle-même ne peut être qualifiée de féminine, ou appartenant au genre féminin, mais plutôt l’âme d’une femme qui est un être humain féminin.” La personne humaine est une réalité composée, capable d’actualisation continue vers une identité plus parfaite en tant qu’homme ou femme.

– La relation âme/corps est donc au centre de la réflexion sur le féminisme et le pape affirme que les hommes et les femmes sont fondamentalement des modes différents d’être des personnes. Il rejette en cela l’explication unisexe, que l’on découvre d’abord chez Platon, puis Descartes.

– Un autre critère d’analyse est la relation interpersonnelle, la personne étant par définition tournée vers les autres. Les femmes et les hommes sont l’illustration d’une complémentarité biologique, individuelle, personnelle et spirituelle. Le pape expose les racines du génie de la femme, dans son ouverture à une autre personne. De là découle son instinct maternel. S’ensuit une étude des conséquences sur la femme de l’utilisation des méthodes artificielles de contrôle des naissances qui “coupent la femme de sa propre source de génie“. La volonté de contrôle de la femme sur son propre corps et sur celui des autres (par l’avortement) viole quant à elle la norme personnaliste. 

 

Ancien / nouveau féminisme

 

La comparaison entre ancien et nouveau féminisme permet de faire émerger quelques principes fondamentaux communs. Ainsi peut-on lire que “le nouveau féminisme vise à reconnaître et exprimer le vrai génie féminin dans toutes les manifestations de la vie en société, travaillant à dépasser toute forme de discrimination, de violence et d’exploitation” (Jean Paul II, Evangile de la Vie, 99). Mais cette comparaison révèle les oppositions fondamentales entre les différents courants du féminisme.

– Le principe de la vie humaine est une mesure essentielle du nouveau féminisme. En faveur de la vie, la pensée et l’action de la femme doivent jouer un rôle déterminant.

La distinction et la séparation radicale du sexe et du genre est significatif du récent mouvement féministe. Dans la recherche du genre la question traditionnelle “Qu’est-ce qu’une femme ?” est remplacée par “Comment devient-on femme ?” Un chapitre particulièrement intéressant de Beatriz Vollmer Coles décrypte cette évolution et tente de réconcilier l’agir et le genre dans la quête légitime de l’accomplissement personnel, propre au nouveau féminisme.

Enfin comment parler de nouveau féminisme sans évoquer la phénoménologie d’Edith Stein ? Elle tente de répondre indirectement  à la question du genre en réfléchissant sur les phénomènes de la corporéité de la femme. Une étude de Sibylle von Streng nous dévoile la triple vocation de la femme selon Edith Stein. La personne est un être en devenir, attiré vers un but, qui tout en manifestant la plus grande fidélité à elle-même, se dévoile en explorant les voies que lui proposent son esprit et les circonstances de la vie.

 

Cet ouvrage nous invite à réfléchir au droit et à la responsabilité de chaque femme de s’accomplir selon la liberté parfaite.  

 

1 – Femmes dans le Christ – Vers un nouveau féminisme, sous la direction de Michele M. Schumacher, Ed. du Carmel, juillet 2003.

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