20e journée du don d’organes : de quoi parle-t-on ?

Publié le 23 Juin, 2020

« La greffe ne guérit pas », explique Clémence greffée des deux poumons, elle « permet seulement de vivre une vie normale et plus longtemps ». Elle ajoute : « en tant que personne greffée, je dois prendre un traitement anti-rejet qui entraîne de lourds effets secondaires ».

 

A l’occasion de la 20e journée sur le don d’organes, l’Agence de la biomédecine lance une nième campagne pour « inviter à la réflexion sur le don d’organes et de tissus » sur le thème « Un lien qui nous unit tous ». Le message décliné en affiche, sur la base d’une broderie qui veut signifier justement ce lien : « la solidarité est dans notre ADN », explique la brodeuse, Cécile Davodovici, spot télé et radio, qui veulent mettre en avant tous les acteurs de la « chaine du don » du donneur au receveur en passant par le médecin, les instances administratives,…

 

Aujourd’hui en France, 66 000 personnes vivent avec un organe greffé et entre 2005 et 2019, 71 237 greffes ont été pratiquées. Et chaque année, ce sont entre 5000 et 6000 organes qui sont greffés. Sur un donneur décédé, au maximum, 6 organes peuvent être prélevés et attribués à autant de patients en attente d’une greffe. Le prélèvement s’effectue sur la base de trois principes : l’anonymat, la gratuité et le consentement présumé. Comme le rappelle l’Agence de la biomédecine, depuis 2017 en effet, tous, nous sommes tous, à moins de s’y être explicitement opposé, des donneurs présumés d’organes. Au moment de la mort, tous les organes « utiles » peuvent être prélevés si le donneur – mais est-il encore un donneur au sens du choix libre et consentant que le terme suggère ? (cf. Sylviane Agacinski : don d’organes, « laisser le corps en dehors du marché »  et Don d’organes : la « faiblesse éthique » du consentement présumé) – ne s’y est pas opposé de son vivant (cf. Don d’organes : Tous les modes de refus acceptés… mais sous contrôle et registre national des refus). Le but de cette mesure étant clairement de permettre à l’Etat de disposer de davantage d’organes.

 

Pour le prélèvement d’organes, la définition de la mort qui est appliquée est celle de la mort cérébrale, qui n’est pas sans interroger. D’abord parce qu’elle diffère selon les pays. On est plus ou moins mort à tel ou tel stade selon qu’on habite à Londres, à Paris… (cf. De la mort au don d’organes) La mort serait-elle une donnée subjective ? Par ailleurs, que peut signifier le maintien artificiel en vie d’une personne ? La personne à qui on va prendre un cœur, des poumons, des reins… est-elle en vie ou décédée ? La procédure dite Maastricht III vise à faire coïncider un arrêt cardiaque contrôlé. Mise en place sur la base de l’arrêt de traitements, elle conduira le patient à la mort et au prélèvement (cf. Toujours plus d’organes prélevés sur des patients après “arrêt cardiaque controlé”). Le don d’organes peut être une chance, mais il importe d’en comprendre et d’en mesurer le prix. Il ne peut en aucun cas se faire au détriment de la vie d’un autre, d’autant moins que le receveur de son côté, pour ne pas rejeter la greffe, sera soumis à un traitement à vie, lourd, qui n’est pas sans conséquence sur sa santé.

 

Dans ce domaine, l’année 2020, fera figure de « parent pauvre » dans le palmarès des greffes, l’épidémie de coronavirus ayant suspendu les transplantations (cf. Greffe d’organes : vers une reprise ?). Les obligations de résultats de l’Agence de la biomédecine risquent d’être mises à mal tant du point de vue des dons que des transplantations (cf. Don d’organes : moins de transplantations en 2019 ?).  

 

Pour aller plus loin :

Don d’organes : opportunité ou opportunisme ?

Prélèvements d’organes en France : Développement du protocole Maastricht III

Don d’organes : un plan national d’envergure passé sous silence

Le consentement présumé favorise-t-il le don d’organes ?

Don d’organes : le Bundestag allemand s’oppose au consentement présumé

La préparation prémortem d’un donneur d’organes ne doit pas occulter les questions éthiques sur la dignité de la mort du patient

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