Vincent Lambert : vers une 4ème procédure collégiale contre les avancées de la science ?

Publié le 28 Sep, 2017

Maitre Jean Paillot, avocat au barreau de Strasbourg et enseignant en droit de la Santé, réagit à l’annonce de la reprise de la procédure collégiale concernant Vincent Lambert (cf. Vincent Lambert : Vers une quatrième procédure collégiale), communiquée au lendemain d’une publication scientifique prometteuse pour les patients en état d’éveil non-répondant (cf. En état végétatif depuis 15 ans, il retrouve un état de conscience minimale).

 

À deux jours d’intervalle, dans la semaine de l’anniversaire de Vincent Lambert (20 septembre), on apprend (23 septembre) que le médecin en charge de Vincent Lambert s’apprête à lancer une quatrième procédure collégiale, à la demande de François Lambert, le demi-neveu qui rêve d’euthanasier son oncle ; et qu’une équipe lyonnaise (25 septembre) a réussi à ce qu’un patient cérébrolésé et diagnostiqué en état d’éveil non répondant (comme Vincent Lambert) puisse, à la suite d’une stimulation électrique du nerf vague, donner des signes de conscience.

La proximité de ces dates est un signe.

 

Elle témoigne dans un cas d’une volonté acharnée et en réalité idéologique de faire disparaître Vincent Lambert ; elle témoigne dans l’autre de l’ingéniosité humaine pour venir en aide aux meurtris de la vie. Supprimer celui qu’on n’arrive pas à guérir ? Ou le soigner, le dorloter, le choyer, parce que personne n’est maître de la vie de son patient et qu’une avancée de la science, ou de l’individu lui-même, est toujours possible dans le cas de lésions cérébrales ?

 

C’est en réalité le défi éthique et juridique majeur de l’affaire Vincent Lambert.

 

Et ce défi, à l’aune de cette nouvelle avancée médicale, n’a pas fini d’interroger nos consciences.

 

Le Conseil d’État (2014), puis le parlement à majorité socialiste (loi Claeys-Leonetti, 2016), ont décidé de la possibilité d’arrêter l’alimentation et l’hydratation entérales de ces patients, puis de les sédater jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ce n’est pas à leur honneur. C’est surtout un renoncement, face à l’obligation de soins à laquelle tout patient à droit. Car toute euthanasie est un renoncement.

 

Désormais, concernant Vincent Lambert, se posent de nouvelles questions :

 

  • Comment admettre l’ouverture d’une nouvelle procédure collégiale pouvant aller jusqu’à la mort de l’intéressé, alors même que la Cour de cassation est saisie d’une demande de transfert de M. Vincent Lambert ?
  • Le CHU de Reims, où se trouve M. Vincent Lambert, est-il capable de reproduire sur ce patient le protocole réalisé à Lyon ? À défaut, ne faudrait-il pas transférer Vincent dans une unité capable de tenter un protocole similaire ? Pourquoi pas à Lyon ? Un patient n’a-t-il en effet pas droit aux meilleurs soins ? Pourquoi M. Vincent Lambert en serait-il privé ?

 

Essaye encore une fois avant de renoncer, dit un vieux proverbe français.

Jean Paillot

Jean Paillot

Expert

Avocat au barreau de Strasbourg depuis 1992, expert au Conseil de l’Europe pour le compte du Saint-Siège depuis 2012. Enseignant en droit de la Santé à l’Institut Politique Léon-Harmel (DU d’Ethique biomédicale délivré par l’Université Catholique d’Angers) depuis 2007.

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