Portail d’informations canadien sur l’actualité internationale, Canoë publie une chronique sur "le meilleur des mondes". Réagissant à la lettre ouverte d’un père d’un enfant trisomique s’inquiétant des impacts du programme de dépistage prénatal de la trisomie 21 que le ministère de la Santé s’apprête à mettre à disposition des couples québécois, l’auteur s’interroge : "permettre aux futurs parents de se débarrasser d’un fœtus parce qu’il est atteint de trisomie 21 constitue-t-il de l’eugénisme ?".
"D‘un côté, si une mère ne se sent pas capable d’élever un enfant handicapé, on ne peut quand même pas la forcer à mener sa grossesse à terme" mais, "de l’autre, les enfants trisomiques ont le droit de vivre. Jeter un fœtus aux poubelles juste parce qu’il est différent de la norme soulève le spectre de l’eugénisme". L’auteur s’inquiète de l’éventuelle boîte de Pandore qu’ouvrirait cette pratique ; par la suite éliminera-t-on les enfants aveugles, sourds, ceux qui ont une jambe plus courte que l’autre ? Et de citer l’exemple de cette femme qui a demandé d’avorter parce que l’échographie avait révélé que son enfant avait un bec de lièvre et à qui une interruption de grossesse lui a été refusée une première fois. "Frustrée, la bonne femme est allée voir un autre médecin, et elle l’a eu, son avortement. On dirait un consommateur qui a échangé un sofa parce qu’il a découvert une tache sur un coussin."
"Il fut un temps pas très lointain où les Noirs étaient considérés comme des sous-humains. Aurait-on permis à une femme enceinte de se débarrasser de son fœtus juste parce qu’il avait le malheur de ne pas être Blanc ?", lance l’auteur.
"Actuellement, au Canada, les fœtus humains n’ont aucun droit. Les hamsters et les serpents ont plus de droits qu’eux !", dénonce-t-il. "Plus tard, je suis sûr, on va se pencher sur les mœurs de notre époque et on va dire que notre conception du fœtus était barbare. Et inhumaine."
Un autre organe de presse canadien s’inquiète de ce que le génétique ouvre aujourd’hui la porte à une sélection par l’Homme de sa descendance. Ainsi, aux Etats-Unis, certaines cliniques proposent déjà des profils génétiques de donneurs potentiels de sperme et d’ovocytes. Au Texas, une "banque de l’embryon" proposait même – avant d’être contrainte à fermer – de croiser du sperme et un ovocyte de donneurs sélectionnés sur des critères génétique et d’implanter l’embryon issu de ce croisement.
Par ailleurs, le diagnostic préimplantatoire (DPI) pourrait permettre à n’importe quel parent de recourir à une fécondation in vitro (FIV) pour sélectionner leur progéniture selon les critères désirés. Pour Peter Ward (Université de Washington), certains parents pourraient même un jour faire "pression pour changer des gènes" afin de transmettre à leur enfant "beauté, intelligence, (…) don pour la musique ou (…) bon caractère"…
Canoe.com (Richard Martineau) 10/02/09 – Cyberpresse.ca (Marlowe Hood) 05/02/09