Vow, une start-up australienne spécialisée dans la « viande cultivée », a fabriqué ce qu’elle décrit comme « une boulette de viande de mammouth »[1]. L’objectif du projet, selon l’entreprise, est d’« attirer l’attention sur le potentiel de la viande cultivée pour rendre les habitudes alimentaires plus respectueuses de la planète » (cf. « Viande cellulaire » : le Sénat encourage les recherches).
Les scientifiques se sont concentrés sur une protéine présente chez les mammifères, la myoglobine, qui donne à la viande sa texture, sa couleur et son goût, et ont identifié la séquence d’ADN de la « version mammouth » dans une base de données génomiques accessible au public. Ensuite, ils ont comblé les lacunes de la séquence d’ADN de la myoglobine du mammouth en utilisant des informations provenant du génome d’un éléphant d’Afrique. Les scientifiques ont enfin inséré le gène synthétisé dans une cellule musculaire de mouton, qui a ensuite été cultivée en laboratoire. L’équipe est ainsi parvenue à produire environ 400 grammes de « viande de mammouth ».
La boulette rejoint la collection du Rijksmuseum Boerhaave, un musée dédié aux sciences et à la médecine aux Pays-Bas. En effet, elle n’est pas destinée à la consommation humaine. « Il s’agit d’une protéine qui n’existe plus depuis 5 000 ans. Je n’ai aucune idée de l’allergénicité potentielle de cette protéine particulière », indique James Ryall, directeur scientifique de Vow.
En revanche, l’entreprise espère obtenir bientôt l’autorisation réglementaire de Singapour, premier pays à approuver la viande cultivée, pour vendre la viande de caille fabriquée en laboratoire qu’elle a mise au point. Aux Etats-Unis, la FDA a autorisé le poulet cultivé en laboratoire à être consommé par l’homme (cf. Viande cultivée en laboratoire : feu vert de la FDA).
Complément du 18/04/2023 : Le 28 mars, le ministre italien de l’agriculture, Francesco Lollobrigida, a annoncé que le pays serait le premier à interdire les aliments produits en laboratoire. Cette interdiction vise principalement à protéger les agriculteurs italiens. Le gouvernement a également fait part de ses inquiétudes quant à la « qualité » de ces aliments et à la « menace qu’ils font peser sur le patrimoine culinaire dont l’Italie est fière ».
[1] Plutôt que de véritable viande de mammouth, il s’agit d’« agneau fabriqué en laboratoire et mélangé à une infime quantité d’ADN de mammouth ». D’un point de vue génomique, il n’y a qu’un seul gène de mammouth parmi 25 000 gènes de mouton.
Sources : CNN, Katie Hunt (28/03/2023) ; The Conversation, Silvia Malagoli (14/04/2023) – Photo : Pixabay