Une étude met en évidence les conflits d’intérêts entre associations médicales et industrie

Publié le 29 Mai, 2020

Selon une étude publiée le 27 mai par le British Medical Journal, les relations financières entre les dirigeants d’associations médicales professionnelles américaines influentes et l’industrie se sont renforcées.

 

Une équipe de chercheurs a entrepris d’étudier les relations financières entre les fabricants de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux et les dirigeants des associations médicales professionnelles américaines influentes qui représentent et forment les médecins travaillant dans les domaines des maladies les plus courantes et les plus coûteuses : les maladies cardiaques, les troubles mentaux, le diabète, l’arthrose, le cancer, les maladies pulmonaires chroniques et l’asthme, les problèmes de dos et les maladies infectieuses.

 

Ils ont découvert que 235 des 328 dirigeants (62%) avaient des liens financiers avec l’industrie et pour ceux d’entre eux qui étaient médecins ou ostéopathes, soit 293, 235 (80%) avaient de tels liens.

Entre 2017-2019 près de 130 millions de dollars (119 millions d’euros), avec un revenu médian par dirigeant de 31 805 dollars, leur ont été versés. Les variations entre les associations sont importantes : de 212 dollars pour les dirigeants de l’American Psychiatric Association à 518 000 dollars pour l’American Society of Clinical Oncology. Ces derniers ont bénéficié des versements les plus importants : 54 millions de dollars alloués pour la recherche et versés aux dirigeants de l’American Society of Clinical Oncology et 21 millions de dollars pour ceux de l’American College of Cardiology. Ces revenus peuvent prendre en compte les honoraires de consultants, de conférenciers, des redevances et des frais d’hébergement, et ils pourraient être sous-estimés, un ensemble d’informations étant encore indisponible concernant les années 2018 et 2019.

 

« Ces groupes de médecins sont puissants et ils ont une influence énorme aux États-Unis et dans le monde entier, y compris sur les définitions des maladies qui déterminent qui est en bonne santé et qui est malade », explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Ray Moynihan, professeur assistant à l’université Bond en Australie, qui étudie le problème du surdiagnostic. Il ajoute : « Le bon sens voudrait que ces dirigeants soient libres de tout lien financier avec des entreprises qui ont tout à gagner de leur travail ».

 

Lutter contre ces conflits d’intérêts suppose de mener un certain nombre d’actions, comme par exemple, l’audit des conflits actuels, la modification des processus de recrutement, ou encore le recours à d’autres sources de financement. Des mesures qui « pourraient atténuer, voire éliminer la présence écrasante de conflits d’intérêts financiers parmi les sociétés et associations médicales », écrivent les auteurs. Il s’agit d’éviter à ces groupes « la production de documents ou de politiques biaisés », pour in fine protéger « tous les médecins et les patients qu’ils traitent ».

Medical Press (27/05/2020)

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