Des chercheurs de l’hôpital universitaire d’Aarhus, au Danemark, ont développé un test de dépistage prénatal non invasif qui crible tous les chromosomes de l’enfant à naître. Cette technologie, appelée EVITA, est un test sanguin à partir duquel une dizaine de cellules fœtales sont isolées parmi les quelque 200 millions de cellules présentes dans l’échantillon. Les scientifiques affirment que le test peut mettre en évidence « des anomalies chromosomiques mineures » (cf. Les fausses promesses du DPNI).
« A long terme, vous pourriez avoir la possibilité de dépister des maladies que vous ne pouvez actuellement pas considérer pendant la grossesse, mais seulement à la naissance de l’enfant. Y compris la mucoviscidose », a déclaré Ida Vogel, professeur de diagnostic fœtal à l’université d’Aarhus. Parmi les « autres maladies » qui pourraient être dépistées « d’ici trois à cinq ans », figurent le nanisme et la fonte musculaire. Arcedi, une société privée qui a collaboré avec des hôpitaux au Danemark et qui commercialise le test, qualifie EVITA de « révolutionnaire ».
Un sursaut éthique ?
Mais des bioéthiciens soulignent que les parents peuvent acheter et effectuer ce test avant la limite légale fixée pour avorter au Danemark, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la 12e semaine de grossesse [1].
« Nous devons nous interroger sur le fait que seules certaines maladies doivent faire l’objet d’un examen et sur l’objectif réel de l’examen du fœtus », a déclaré Ida Donkin, médecin et membre du Centre national danois d’éthique. Car « la question n’est plus de savoir si l’on veut un enfant, mais si l’on veut cet enfant en particulier ». « Jusqu’à quel point est-il acceptable d’en savoir plus sur le futur enfant avant le délai autorisé pour avorter librement ? », interroge-t-elle.
Le Centre national danois d’éthique prévoit de formuler des recommandations concernant les diagnostics fœtaux et les limites en matière d’avortement à l’automne. Pour le moment ce nouveau test ne fait pas encore partie de l’offre publique au Danemark. Il est toutefois déjà disponible dans les hôpitaux privés et les cliniques de sages-femmes, pour un prix d’environ 1 600 euros.
[1] Les cellules fœtales peuvent être isolées dans un échantillon de sang de la mère entre la 10e et la 15e semaine de grossesse. La société commercialise également un test visant à déterminer le sexe du fœtus, Evita test gender. Les résultats ne sont pas envoyés avant la semaine 12 précise le site de la société, même si le test peut être effectué dès la 10e semaine.
Source : euronews, Roselyn Min (05/07/2023)