La société américaine Mitera a annoncé lundi 24 janvier le lancement aux Etats-Unis de « ses produits de test génétique à domicile » : Peaches&Me™ et 23Pears™. « Peaches&Me est le premier test prénatal non invasif (NIPT [1]) qui peut être demandé en ligne, par les patientes elles-mêmes directement, et réalisé à domicile, affirme l’entreprise spécialisée en e-santé. Il permet de dépister des pathologies telles que la trisomie 21 et de prédire le sexe du fœtus dès la 10e semaine de grossesse. »
L’autre test commercialisé par Mitera, 23Pears™, s’adresse aux futurs parents pour les « aider à déterminer leurs risques de transmettre à leur bébé l’une des 421 maladies héréditaires, telles que la fibrose kystique ou la drépanocytose » (cf. Guérir la drépanocytose avec CRISPR-Cas9 ? Une première patiente traitée aux Etats-Unis). Les kits de test comprennent « des instructions, des récipients pour les échantillons et des enveloppes prépayées pour l’envoi des échantillons au laboratoire ».
L’angoisse du dépistage
Au départ utilisés pour dépister la trisomie 21, les tests de dépistage non-invasifs ont ensuite été étendus par « de nombreuses sociétés » à « d’autres pathologies exceptionnellement rares », ce qui entraîne des taux de faux positifs « plus élevés » (cf. Les fausses promesses du DPNI). Et par conséquent « une anxiété inutile pour de nombreuses femmes enceintes » (cf. Tests préconceptionnels, dépistage prénatal : une surabondance d’informations anxiogènes).
« La plupart des patientes qui subissent ces tests ne consultent pas un médecin spécialiste de la médecine fœto-maternelle ou un conseiller en génétique, et personne n’explique réellement que les tests qu’elles subissent sont des tests de ‘dépistage’ ou de ‘diagnostic’ », rappelle un médecin également titulaire d’un doctorat en informatique biomédicale. « Les femmes enceintes sont rarement d’humeur à recevoir des cours sur les statistiques bayésiennes », ironise-t-il. « Et souvent, leur médecin de famille n’est pas mieux informé qu’elles » (cf. Dépistage prénatal non-invasif : un consentement réel des femmes ?). En cas de mauvaise nouvelle, « il est probable qu’elles avorteront ».
La société Mitera assure garantir « qu’un expert en génétique de la reproduction est prêt à vous tenir la main en cas de besoin », en complément d’« une interface virtuelle transparente et conviviale », veut rassurer son PDG et cofondateur Saman Askari (cf. Jean-Marie Le Méné : Le dépistage prénatal non invasif (DPNI) porte à sa perfection la politique eugéniste).
[1] Non invasive prenatal testing : dépistage prénatal non invasif (DPNI) en français
Sources : BusinessWire (24/01/2022) ; Mercatornet, Ann Farmer (25/01/2022)