Trisomie 21 : le rôle de la « matière noire » du génome

Publié le 1 Mar, 2024

Des chercheurs du Centre for Genomic Regulation (CRG) ont découvert que le gène Snhg11 est « essentiel » à la formation et au fonctionnement des neurones dans l’hippocampe. Des expériences menées sur des souris et des tissus humains ont révélé que ce gène est « moins actif » dans les cerveaux atteints de trisomie 21, ce qui pourrait contribuer aux déficits intellectuels observés chez les personnes qui en sont atteintes. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Molecular Psychiatry [1].

Le rôle d’un ARN non codant

Traditionnellement, la génomique s’intéresse surtout aux gènes codant pour les protéines, qui, chez l’homme, ne représentent qu’environ 2 % de l’ensemble du génome. Le reste est de la « matière noire », des séquences d’ADN non codantes qui ne produisent pas de protéines, mais dont le rôle dans la régulation de l’activité des gènes, l’influence sur la « stabilité génétique » et « la contribution à des traits complexes et à des maladies » est de plus en plus reconnu.

Or Snhg11 est l’un des gènes de la « matière noire ». Cette étude constitue la « première preuve » qu’un ARN non codant joue un rôle essentiel dans la pathogenèse de la trisomie 21. Cause génétique la plus fréquente de déficience intellectuelle, elle touche environ cinq millions de personnes dans le monde. Les personnes qui en sont porteuses ont des problèmes de mémoire et d’apprentissage, des problèmes qui ont été reliés à des anomalies de l’hippocampe.

« Nous avons constaté que l’expression anormale de Snhg11 entraîne une réduction de la neurogenèse et une altération de la plasticité des neurones [2] » explique le Dr César Sierra, premier auteur de l’article. Or la plasticité synaptique est « cruciale » pour l’apprentissage et la mémoire.

Des recherches à poursuivre

Divers tests de comportement sur des souris ont confirmé que de faibles niveaux de Snhg11 entraînaient des problèmes de mémoire et d’apprentissage similaires à ceux observés dans la trisomie 21, ce qui suggère que le gène régule les fonctions cérébrales.

Snhg11 a déjà été associé à la prolifération cellulaire dans différents types de cancer. Les chercheurs prévoient de poursuivre leurs recherches afin de découvrir les « mécanismes d’action exacts » impliqués, des informations qui pourraient ouvrir la voie à de nouvelles interventions thérapeutiques. Ils étudieront également si d’autres gènes impliquant de longs ARN non codants, dont beaucoup restent à découvrir, pourraient également contribuer aux déficiences intellectuelles.

NDLR : Ces travaux ont été cofinancés par la Fondation Jérôme Lejeune.

 

[1] The lncRNA Snhg11, a new candidate contributing to neurogenesis, plasticity and memory deficits in Down syndrome, Molecular Psychiatry (2024). DOI: 10.1038/s41380-024-02440-9

[2] capacité des connexions neuronales à se renforcer ou à s’affaiblir au fil du temps

Source : Medical Xpress, Center for Genomic Regulation (26/02/2024)

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