Une étude internationale menée par une équipe australienne envisage de recruter 1000 patientes dans cinq cliniques de FIV[1] à travers l’Australie, ainsi que dans des sites en Irlande et au Danemark. L’objectif est de tester une technique qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer les chances de grossesse d’une femme en parcours de PMA.
Au cours de chaque cycle de FIV, les embryons seront cultivés dans un incubateur équipé de caméras pour évaluer l’embryon pendant la période d’incubation de cinq jours. Des images bidimensionnelles ou au microscope des embryons seront prises toutes les 10 minutes. Une machine de présélection de haute technologie, Ivy, analysera ensuite ces images pour classer les embryons en fonction des résultats prévus du rythme cardiaque fœtal, en se basant uniquement sur l’étude du développement embryonnaire (cf. Reconstruction d’images médicales grâce à l’IA : des erreurs à craindre). Pour la moitié des femmes participant à l’essai, les embryons seront triés par un embryologiste, tandis que pour l’autre moitié, les embryons seront évalués par l’intelligence artificielle, sans frais supplémentaires. L’étude doit permettre de déterminer si la technique peut vraiment aider les femmes.
« Les cellules se déplacent et changent de manière très étrange pendant les cinq jours où l’embryon est dans l’incubateur et il est complètement impossible pour un humain de comprendre ce que tout cela signifie », explique le Dr Peter Illingworth, directeur médical de FIV Australie, qui dirige l’essai. « Ce que l’outil d’IA peut faire, c’est analyser tous les embryons. L’embryon ayant obtenu le meilleur score peut ensuite être sélectionné pour être transféré par l’embryologiste et augmenter les chances de grossesse ».
Pour le professeur Norman, pionnier australien de la FIV, « il est tout à fait logique que dans les cinq à dix prochaines années, les machines vont choisir les embryons ». La question est davantage « de savoir si nous avons à ce jour les meilleurs algorithmes et formules mathématiques pour choisir. Un bon embryologiste peut encore être bien meilleur qu’une machine ». Pour autant, il souligne que « la seule chose que l’intelligence artificielle ne fait pas encore, c’est vous dire quel est le génome de l’embryon ». Ce qui signifie que « vous pouvez obtenir un très bel embryon qui pourra être porteur de trisomie 21 par exemple ou n’avoir aucune chance de s’implanter ».
Les résultats de l’essai de 12 mois, qui a déjà commencé à Brisbane, Sydney et Melbourne, sont attendus l’année prochaine.
Pour aller plus loin :
- Conseil des droits de l’homme de l’ONU : L’eugénisme libéral en question
- Infertilité : découverte du rôle clé de la protéine SKP1
- « Nous avons tous la même valeur et nous devrions tous avoir la même valeur »
- PMA, le cheval de Troie du transhumanisme
- Préserver la diversité humaine pour faire face aux épidémies ?
Sydney Morning Herald, Melissa Cunningham (14/05/2020)