Un essai clinique de phase I visant à évaluer une thérapie cellulaire mettant en œuvre l’approche allogénique va débuter au CHU de Toulouse. Contrairement à l’approche autologue, dans laquelle le donneur de cellules souches est le patient lui-même [1], l’approche allogénique « transforme un patient en usine de traitements pour les autres ». En effet, les cellules d’un seul donneur sont utilisées pour produire des doses thérapeutiques pour des milliers de patients [2].
Un premier essai de phase I
L’essai va porter sur les maladies auto-immunes, plus particulièrement les ischémies critiques du membre inférieur. « C’est une maladie qui se présente sous la forme de douleurs en raison d’une très mauvaise circulation du sang. Cela concerne souvent les personnes diabétiques et cela peut aller jusqu’à l’amputation de la jambe », explique Guillaume Costecalde, directeur de la startup toulousaine Cell-Easy qui a développé le traitement.
L’essai de phase I, mené par le professeur Gregory Pugnet du service de médecine interne et d’immunologie clinique de l’hôpital Rangueil, doit durer approximativement 48 mois. « Quelques patients » recevront les injections au cours du premier semestre 2024, et seront suivis pendant un an environ ensuite.
Les avantages de l’approche allogénique
Pour produire la thérapie, « nous injectons le traitement et nous laissons les cellules se reproduire directement dans l’homme », explique Guillaume Costecalde. « En plus d’être une pratique beaucoup plus efficace, nous divisons drastiquement le coût de la thérapie cellulaire par 20 selon nos calculs, indique-t-il. Nous rendons ainsi cette technologie beaucoup plus accessible car moins onéreuse ». Le directeur de Cell-Easy estime pouvoir « être en capacité de produire des milliards de cellules souches ».
Dans l’essai qui doit débuter, l’apport des cellules souches « aura surtout une activité anti-inflammatoire sur le malade et ces cellules auront l’intelligence d’aller directement cibler la zone à traiter ». Ensuite, « elles s’élimineront de manière autonome quelques dizaines d’heures après leur injection ».
« Notre traitement a fait ses preuves avec l’approche autologue », affirme Guillaume Costecalde qui se dit « confiant » quant aux futurs résultats de l’essai. Cell-Easy met en œuvre des cellules souches issues du tissu adipeux, et non de la moelle osseuse, ce qui permet des prélèvements plus importants.
L’ambition de l’entreprise est de se positionner en tant que sous-traitant pharmaceutique [3] pour le compte de grands groupes souhaitant développer des médicaments. Elle vise la rentabilité « au cours de l’année 2024 ».
[1] Les cellules sont prélevées chez le patient, traitées et réinjectées par voie sanguine.
[2] « Plus de 5.000 doses peuvent être produites par don de tissu »
[3] Contract Development Manufacturing Organisations (CDMO)
Source : La Tribune, Pierrick Merlet (28/11/2023)