A mi-mots, il avoue « être à vif », les larmes ne sont pas loin. Environ la trentaine, ce jeune professeur vient d’assister, impuissant, à la décision d’avorter de son amie.
Pourtant, son visage s’illumine quand il évoque la paternité, la nouvelle de la venue de cet enfant était pour lui une joie. Pour elle aussi, au début. Elle était heureuse, elle pensait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant. Elle parlait de le garder. Et puis subitement, elle a changé d’avis : « Je ne sais pas ce qui s’est passé ».
Mickaël et son amie discutent. Ils vont ensemble consulter une association qui aide les femmes confrontées à la question de l’IVG. Il se tait et la laisse parler. Elle pleure. Le soir, ils doivent se rendre ensemble à la consultation du gynécologue. Son amie arrive plus tôt. En un quart d’heure, la consultation est bouclée, son amie ressort avec l’autorisation d’avorter signée quand il arrive à son tour. Il n’a pas pu assister à l’entretien. Il monte au cabinet de la gynécologue et sonne. Elle entrouvre la porte et lui explique qu’elle ne veut pas le voir : « C’était très important pour moi. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais été exclu de l’entretien. C’était avec moi que cet enfant avait été conçu. Elle ne connaissait pas mon amie, elle ne me connaissait pas non plus ». Mickaël n’a aucun recours légal. C’est avec sa mère que son amie ira au second entretien, elle refuse de lui dire quand aura lieu l’avortement. Ils se séparent.
« Je n’avais jamais été confronté à un telle situation. Je me suis battu pendant trois semaines. Je lui ai dit que j’étais d’accord pour élever seul cet enfant. Mais plus je me battais pour qu’elle le garde, jusqu’au dernier moment, plus elle se fermait ». Il balaie les obstacles : l’argent, des solutions qui existent pour l’appartement. Il rencontre à plusieurs reprises la mère de son amie, sa demi-sœur, entre dans les secrets de famille. Mickaël est très désemparé, il se sent impuissant face à l’évènement. Dépossédé. Il pleure beaucoup et s’accroche aux quelques personnes bienveillantes qui le soutiennent quotidiennement dans son combat. De son côté, son amie est entourée de personnes qui lui conseillent d’avorter.
Il la revoie : « Elle était encore plus fermée que d’habitude. Elle m’a appris que l’IVG avait eu lieu deux jours plus tôt. Elle était très choquée de la façon dont les choses s’étaient passées, elle m’a dit que le gynéco n’avait eu aucune compassion. Comment en aurait-il eue ? Je n’étais pas bien non plus, je n’ai rien répondu. Elle que j’avais connue si douce était devenue si froide ».
Il s’étonne de la banalisation de l’avortement : « Juste d’un point de vue logique, les gens savent ce qui se passe quand on avorte. Ils savent qu’il y a un gros problème de conscience ». Meurtri, douloureux, il pense à s’investir, à s’engager pour défendre la vie, mais il ne sait pas encore vraiment comment. « Si j’étais en pleine forme et bien armé…, mais je ne sais pas si c’est le moment ».
Pour aller plus loin : cf. L’avortement n’épargne pas les hommes.