De 1949 et 1996, la loi japonaise a imposé la stérilisation aux personnes souffrant de handicap mental héréditaire, afin « d’empêcher la naissance d’enfants aux capacités diminuées ». Selon les statistiques officielles, 16 500 personnes (hommes et femmes) ont dû subir cette opération de force, sans compter les 8 500 opérations avec consentement, consentements généralement obtenus suite à de fortes « pressions exercées sur [les femmes] ou leurs familles ». L’Allemagne, la Suède et d’autres pays ont aussi eu des lois eugénistes similaires.
Le père de Junko Iizuka a avoué que des responsables locaux « avaient fait pression à plusieurs reprises » pour qu’il signe le document autorisant l’opération. Quant à Yumi, son handicap, troubles de l’apprentissage liés à une anesthésie ratée, n’était pas héréditaire, mais elle a malgré tout été stérilisée.
Aujourd’hui, les victimes sortent de l’ombre, Junko Iizuka se démène auprès des gouvernements successifs pour que le traumatisme qu’elle a subi soit reconnu. Yumi a porté plainte contre le gouvernement « pour demander des excuses et un dédommagement ». Mais la réponse est toujours la même : « la procédure était légale à l’époque », et personne ne « pourra donc recevoir aucune excuse ou compensation ». La belle-sœur de Yumi s’indigne : « Pourquoi devons-nous nous battre alors qu’il s’agit d’une évidente violation des droits humains ? ».
En mars, des députés se sont engagés à étudier la « mise en place de compensations » pour les personnes concernées, mais celles-ci déplorent la lenteur des procédures et craignent de ne pas en connaître l’aboutissement de leur vivant…
AFP (18/04/2018)