Lors d’une conférence de presse [1] à Londres mardi dernier, les représentants de la société européenne de génétique humaine [2] ont dénoncé les « scores de risque polygénique » proposés aux futurs parents aux Etats-Unis [3] (cf. « Score de risque polygénique » : vers la naissance d’un bébé « parfait » ?). Ces tests sont pratiqués pour trier les embryons d’un couple en parcours de FIV : ils sont vendus pour prédire le risque de maladies polygéniques [4] que l’enfant pourrait développer. Mais pour l’ESHG, il n’y a aucune preuve de fiabilité de ces tests dans un contexte de FIV [5]. « Mal évalués », « avec des résultats potentiellement trompeurs », « contraires à l’éthique » : leur utilisation est « au mieux prématurée ». L’ESHG rappelle toutefois qu’en dehors du contexte de FIV, il s’agit « d’un domaine très prometteur en génétique et pour la prévention des maladies ».
Les couples devraient être mieux informés des risques et limites de cette pratique, estime l’institution, qui appelle également à un débat de société sur les techniques de sélection embryonnaire. Non pas sur le principe mais sur les modalités : « sur quels critères le tri pourrait-il être opéré ? »
[1] Doublée d’une publication dans le European Journal of Human Genetics : Francesca Forzano et al, The use of polygenic risk scores in pre-implantation genetic testing: an unproven, unethical practice, European Journal of Human Genetics (2021). DOI: 10.1038/s41431-021-01000-x
[2] ESHG
[3] Ces tests, proposés autour de 1200€ aux Etats-Unis, ne seraient pas encore commercialisés au Royaume-Uni : « nous n’avons pas une idée très claire de ce qui se passe dans chaque clinique privée d’Europe » avouent les auteurs. Deux entreprises commercialisent ces tests : Genomic Prediction dans le New Jersey et Orchid Biosciences en Californie.
[4] Maladies cardiaques, diabète de type 1, etc.
[5] Ces tests sont utilisés efficacement en recherche, hors contexte de FIV.
Sources : Medical press, ESHG (25/01/2022) ; Guardian (25/01/2022) ; Daily Mail, Joe Davis (25/01/2022)