Royaume-Uni : Un « record » d’avortements en lien avec l’« insécurité financière »

Publié le 23 Juin, 2022

L’année dernière, 214 869 avortements ont été recensés en Angleterre et au Pays de Galles. En hausse de 2% par rapport à l’année précédente, c’est le nombre le plus élevé depuis que l’avortement a été autorisé en Grande-Bretagne en 1967[1]. Selon « les experts », cette augmentation est due à « l’incertitude financière causée par Covid-19 ». « Face à l’incertitude économique et à la précarité de l’emploi, les femmes et leurs partenaires ont dû prendre des décisions parfois difficiles pour poursuivre ou interrompre une grossesse », analyse Clare Murphy, directrice générale du British Pregnancy Advisory Service (BPAS), un fournisseur d’avortements (cf. COVID-19 : Des femmes se tournent vers l’IVG pour des grossesses planifiées et désirées).

Plus d’avortements chez les mères, les IVG multiples en hausse

L’augmentation a été particulièrement marquée chez les femmes âgées de 30 à 34 ans. Le taux avortement dans cette classe d’âge est passé de 17,2 pour 1000 femmes en 2011, à 22,1 en 2021. Le taux le plus élevé a toutefois été observé chez les femmes de 22 ans, avec 31 avortements pour 1000 femmes. Il est stable chez les femmes de plus de 35 ans par rapport à l’année 2020, et en baisse chez les mineures.

Et alors qu’en 2011 51% des femmes qui ont eu recours à l’IVG étaient déjà mères, en 2021 cette proportion est passée à 57% (cf. Royaume-Uni : vague d’avortements depuis l’arrêt d’une aide sociale à partir du troisième enfant). 43% des femmes qui ont avorté en 2021 avaient déjà subi un ou plusieurs avortements. Ce pourcentage était de 36% dix ans auparavant.

Par ailleurs, « 3 370 avortements ont été pratiqués en raison du risque que le bébé naisse avec un handicap » (cf. Royaume-Uni : une maman saisit la justice pour que les foetus porteur de trisomie 21 aient des “droits égaux”). Un chiffre lui aussi en augmentation.

Un financement public, des acteurs privés

Le NHS a financé 99% des IVG, « bien que des prestataires privés en aient pratiqué 77% ». D’après les chiffres du ministère de la Santé, 87% des avortements ont été pratiqués par voie médicamenteuse. Et avant la dixième semaine de grossesse pour seulement 89% d’entre eux. Il est autorisé jusqu’à 24 semaines de grossesse.

Le gouvernement britannique avait invoqué la crise du Covid-19 pour autoriser les femmes à recevoir les deux comprimés abortifs par la poste, au lieu d’avoir à se rendre dans un établissement médical pour prendre le premier (cf. « Avortements par La Poste » et pression sur les femmes : les médecins britanniques alertent). 52% des femmes ont ainsi avorté à domicile.

Le Pays de Galles et l’Angleterre ont finalement choisi de rendre ce dispositif permanent. Une décision critiquée en Angleterre par plusieurs députés estimant qu’elle mettait « des milliers de femmes en danger ». Le ministère de la Santé a annoncé la prochaine publication d’un « plan d’action pour la santé sexuelle et reproductive » cette année.

 

[1] Les dernières statistiques ont été publiées mardi. Les avortements sont en hausse constante depuis 2016.

Sources : The Guardian, Denis Campbell (21/06/2022) ; Daily Mail, Joe Davies (21/06/2022)

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