Aux Etats-Unis, les établissements pratiquant l’avortement font état d’une augmentation de la demande, « souvent de la part de femmes désemparées par le stress économique et les préoccupations sanitaires liées à la pandémie ».
Pour le Dr Jen Villavicencio, qui pratique l’avortement dans le Michigan, « la demande d’avortements continuera à augmenter pendant la pandémie ». « Mes patientes (…) s’inquiètent de savoir comment elles vont pouvoir payer leur loyer, nourrir leur famille, avoir accès à un respirateur si le besoin s’en fait sentir », explique-t-elle.
Dans ces circonstances, le Planned Parenthood affirme avoir effectué certains ajustements. Le Dr Meera Shah, médecin en chef du Planned Parenthood Hudson Peconic dans la banlieue nord de New York, explique avoir développé la télémédecine suite à l’« augmentation du nombre de patientes cherchant à se faire avorter, souvent convaincues qu'”avoir un enfant maintenant n’est pas le mieux pour elles” ».
À la Hope Clinic for Women de Granite City, dans l’Illinois, la directrice adjointe Alison Dreith déclare que « les femmes sont désormais moins susceptibles de changer d’avis une fois qu’elles ont programmé un avortement ». Habituellement, 50% des demandes aboutissement à un avortement. Actuellement, avec la pandémie, « le taux est de 85% ». Hannah Dismer, membre du personnel de la Hope Clinic, témoigne d’un couple ayant décidé « d’interrompre une grossesse qu’il avait planifiée ». La cause : la future mère « craignait qu’un accouchement à l’hôpital ne l’expose au coronavirus et ne crée un risque pour l’enfant ».
Une expérience similaire à celle du Dr Anne Davis, gynécologue-obstétricienne au centre médical de l’université de Columbia à New York, qui témoigne d’une patiente « qui avait voulu cette grossesse mais qui a demandé un avortement lorsqu’elle a réalisé que son état de santé nécessiterait de multiples visites à l’hôpital ». Les patientes « veulent que nous leur disions que tout ira bien ». Mais « nous devons leur dire que nous ne savons pas », regrette le Dr Davis.
Pour aller plus loin :
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Washington Times, David Crary (13/04/2020)