Royaume-Uni : l’aide médicale à mourir en débat

Publié le 22 Oct, 2021

Un texte légalisant l’aide médicale à mourir est discutée ce vendredi en seconde lecture par la Chambre des Lords. Le premier ministre ne le soutiendra pas.

Une proposition de loi débattue vendredi

La baronne Meacher a déposé au mois de mai une proposition de loi visant à légaliser l’aide médicale à mourir en Angleterre et au Pays de Galles[1] (cf. Royaume-Uni : un projet de loi euthanasie dénoncé par les évêques). Il concerne les adultes en phase terminale et « mentalement compétents » dans leurs six derniers mois de vie. Deux médecins et un juge de la Haute Cour seraient chargés d’évaluer chaque demande. Le texte arrive en seconde lecture à la Chambre des Lords[2] vendredi. Il devra encore être examiné par la Chambre des communes « dans quelques mois ».

Le premier ministre Boris Johnson et le secrétaire d’état à la Santé Sajid David ont indiqué qu’ils ne soutiendraient pas le projet de loi.

Les médecins opposés à l’aide médicale à mourir

Dans une lettre ouverte publiée mardi, 1700 médecins ont écrit au secrétaire à la santé, affirmant qu’ils refuseraient d’ « aider les patients à se suicider » si le texte était voté.

« Tout changement menacerait la capacité de la société à protéger les patients vulnérables contre les abus, saperait la confiance que le public accorde aux médecins, et enverrait un message clair à nos patients fragiles, âgés et handicapés sur la valeur que la société leur accorde », écrivent-ils. Loin de l’idée que la décision de se suicider est un choix personnel, ils rappellent qu’elle nous affecte tous.

La British Medical association, qui représente environ 150 000 médecins, a changé sa position le mois dernier sur la question, adoptant une position « neutre », comme l’avait fait le Royal college of physicians en 2019 (cf. Royaume-Uni : le principal syndicat de médecins abandonne son opposition au suicide assisté). Le Royal college of GPs y reste opposé.

Des mesures à prendre pour les soins palliatifs

Le docteur Amy Proffitt, président de l’Association for Palliative Medicine, appelle le gouvernement à garantir et financer un accès égal aux soins palliatifs. Car « il n’y a aucune raison pour que la douleur physique ne soit pas bien contrôlée, rappelle-t-elle. Mais c’est une triste vérité que tous ceux qui ont besoin de ces soins n’y ont pas accès ». Plusieurs facteurs y contribuent :

  • Le gouvernement ne couvre que 37% du coût des soins palliatifs, le reste devant être pris en charge par des organisations caritatives locales et nationales.
  • Les médecins et infirmières de soins palliatifs ne sont pas assez nombreux : 81 postes sont vacants sur les 628 postes de consultants en soins palliatifs, et il manque plus de 3500 infirmières formées.

Le docteur Proffitt ne doute pas de la sincérité de ceux qui pensent qu’une loi légalisant l’aide médicale à mourir est appropriée. « Mais en tant que médecin qui a soigné des milliers de patients en phase terminale et mourants pendant de nombreuses années, je sais que la protection qui a été proposée est superficielle et ne protégera pas les personnes vulnérables » explique-t-elle. « Il est triste de savoir que la désinformation et le sous-financement des soins palliatifs pourraient conduire les gens à cette situation tragique ».

 

Source : The Tablet, Ellen Teague (19/10/2021) ; The Telegraph, Christophe Espoir (19/10/2021) ; Daily Mail, Caroline Scott (18/10/2021)

[1] Un projet de loi similaire a été déposé en Ecosse.

[2] Chambre haute du parlement du Royaume Uni

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