Relancer le débat sur l’avortement en France

Publié le 5 Jan, 2010

Dans le mensuel La Nef, Pierre-Olivier Arduin propose de rouvrir la discussion sur la question de l’avortement en France. Selon lui, nous nous trouvons aujourd’hui face à "un faisceau historique d’éléments qui ne trompent pas et pourraient nous permettre d’engager un débat jusqu’ici interdit".

Le premier élément concerne le nombre annuel des interruptions volontaires de grossesse (IVG) qui demeure stable, "à un niveau relativement élevé" (210 000 avortements en 2006), et révèle l’inefficacité de la politique publique en la matière "malgré les campagnes contraceptives incessantes du ministère de la santé". L’utilisation massive des techniques de contraception (dont certaines, comme le stérilet ou la pilule du lendemain ont des propriétés abortives) semblent de plus en plus aboutir à "un recours accru de l’avortement en cas d’échec, l’IVG apparaissant en définitive comme le meilleur moyen de finaliser son projet contraceptif". Ce constat invalide l’idée selon laquelle une information précise sur les méthodes contraceptives est "le meilleur rempart contre l’avortement".

La deuxième raison concerne l’augmentation de l’objection de conscience chez un nombre croissant de médecins dont certains dénoncent "la dérive française des ‘avortements de confort’". Cela provoque la colère des plannings familiaux européens, notamment en Espagne et en Italie. L’importance de cette "réticence médicale sur le terrain" ne devrait pas être sous-estimée par les pouvoirs publics.

On remarque également "la reconnaissance de ce qu’il est convenu d’appeler le syndrome post-avortement". Proche d’une "symptomatologie post-traumatique où domine une souffrance chronique à tonalité dépressive, parfois grave", ce syndrome est constaté "sur toute la planète, quels que soient les pays, les cultures, l’âge, les milieux sociaux ou les confessions religieuses". La douleur liée à l’acte d’avorter ne devrait pas être ignorée par les autorités de santé.

Enfin, souligne P.-O. Arduin, il convient de rappeler que la législation actuelle constitue une " dépénalisation de l’avortement ", et " un régime dérogatoire qui (…) ne saurait être confondu avec un régime d’autorisation ", comme le disent les partisans de l’avortement qui le présentent comme un droit. Ces faits incitent à relancer le débat sur l’avortement et à innover en proposant des alternatives à l’IVG qui orientent vers une " présomption en faveur de l’enfant à naître ". Pourrait ainsi être ajoutée à la loi " l’offre d’une véritable alternative en instaurant un entretien obligatoire dont la fonction explicite serait de dissuader la femme de passer à l’acte en l’aidant à garder son enfant par tous les moyens que les pouvoirs publics jugeraient bon de mettre à sa disposition ".

La Nef (Pierre-Olivier Arduin) n°211 Janvier 2010

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